Affaire Maëlys : à quoi va ressembler la reconstitution ?

Nordahl Lelandais sera conduit à la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin, lundi soir (photo d'archives).
Nordahl Lelandais sera conduit à la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin, lundi soir (photo d'archives). © PHILIPPE DESMAZES / AFP
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avec AFP
Nordahl Lelandais doit assister lundi soir à une reconstitution de la nuit du 26 août 2017, au cours de laquelle il est suspecté d'avoir enlevé et tué Maëlys, huit ans. L'occasion de confronter son récit des faits à la matérialité du terrain.

Le retour à Pont-de-Beauvoisin poussera-t-il Nordahl Lelandais à éclaircir les zones d'ombre qui entourent encore la mort de Maëlys, huit ans, qu'il présente comme accidentelle ? Lundi soir, le meurtrier présumé de la fillette se rendra sur les lieux de sa disparition pour la première fois depuis le 26 août 2017. Accompagné de son avocat, des enquêteurs et des juges d'instruction grenoblois, l'ex-maître chien, mis en examen et écroué dans ce dossier, participera à une reconstitution de la soirée de mariage au cours de laquelle l'enfant a disparu, ainsi que des heures qui ont suivi.

Comment va se passer la reconstitution ?

Cette nouvelle étape de l'instruction aura lieu de nuit, et sous étroite surveillance des forces de l'ordre : annoncée par la presse pour la mi-septembre, la reconstitution a été annulée une première fois. Lundi soir, les axes routiers menant aux lieux où sera conduit Nordahl Lelandais vont être fermés par deux escadrons de gendarmerie mobile, selon Le Dauphiné. Au total, 130 à 150 hommes seront mobilisés, d'après France Bleu.

La reconstitution suivra l'itinéraire que le suspect dit avoir emprunté le soir des faits, minute par minute : Pont-de-Beauvoisin et sa salle polyvalente, où se déroulait la fête de mariage à laquelle il avait demandé à assister au dernier moment, puis Domessin, où vivent ses parents, qui l'hébergeaient, et Attignat-Oncin, où il s'est débarrassé du corps.

Nordahl Lelandais est-il tenu d'y participer ?

Tout au long de la reconstitution, les enquêteurs demanderont à Nordahl Lelandais de reproduire les gestes qu'il dit avoir effectués le 26 août 2017. Un mannequin correspondant au gabarit de Maëlys pourra être utilisé pour retracer les mouvements précis du suspect. Mais ce dernier n'est pas tenu de se plier à cette étape de la procédure. S'il refuse, les juges d'instruction peuvent demander à un gendarme de prendre sa place.

En 2012, Tony Meilhon, principal suspect du meurtre de Laëtitia Perrais, dont le corps avait été retrouvé démembré dans deux étangs en Loire-Atlantique, avait par exemple refusé de participer à la reconstitution des faits. Celle-ci avait malgré tout eu lieu en son absence, permettant d'exclure définitivement son récit d'un accident de scooter suivi d'une crise de panique et d'un "trou noir". "La version de Monsieur Meilhon est tellement invraisemblable qu'elle a duré moins de cinq minutes en reconstitution", avait alors déclaré l'avocat des parents de Laëtitia, Olivier Metzner. 

Que cherchent à vérifier les enquêteurs ?

Outre les réactions d'un suspect à la psychologie fragile, qu'un déplacement sur les lieux pourrait pousser à livrer davantage de détails, gendarmes et juges s'intéresseront à la compatibilité entre la version des faits de Nordahl Lelandais et la matérialité du terrain. Le mis en cause sera par exemple invité à montrer comment il a fait monter Maëlys dans sa voiture, car elle voulait, selon lui, voir ses chiens.

Toujours d'après son récit, c'est lorsque la fillette a paniqué, dans le véhicule, qu'il lui a porté un coup au visage "avec le revers de la main", sans intention de provoquer sa mort. Voyant l'enfant évanouie, il dit s'être arrêté pour constater qu'elle ne respirait plus, avant de la déposer dans un cabanon près de chez ses parents - où les gendarmes n'ont pourtant relevé aucune trace de sang. Après avoir jeté son short tâché, le suspect est retourné au mariage, comme en atteste une vidéo de sa voiture. Plus tard dans la nuit, alors que la famille recherchait l'enfant, il serait revenu prendre le corps pour s'en débarrasser dans le massif escarpé de la Chartreuse. 

Ces trajets sont-ils compatibles avec le timing des captations de la vidéo de Nordahl Lelandais par les caméras de vidéosurveillance ? La force du "coup" a-t-elle pu suffire à tuer l'enfant, et à lui provoquer la fracture de la mâchoire relevée sur ses os ? En plusieurs mois d'enquête, toutes les expertises sur les restes de la fillette et ses vêtements ont été versées au dossier. Nordahl Lelandais sera donc confronté à d'éventuelles incohérences entre ses gestes et les constatations des experts légistes et scientifiques.