Affaire de pédophilie dans la Nièvre : "On n'imagine pas que ça puisse arriver chez soi"

Châtillon-en-Bazois Nièvre 1280
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Jihane Bergaoui et Pierre de Cossette, édité par Romain David , modifié à
Dans le petit village de Châtillon-en-Bazois, où vit l'un des couples mis en examen pour "viols aggravés sur mineurs", les habitants sous le choc décrivent des riverains peu sociables, et un homme connu pour de menus larcins.
REPORTAGE

L'effroi face à une affaire hors normes. Cinq hommes et trois femmes, dont les parents de quatre garçons aujourd'hui âgés de quatre à neuf ans, ont été mis en examen la semaine dernière dans la Nièvre, a indiqué le parquet lundi. La justice leur reproche près de 70 infractions, dont des "viols aggravés sur mineurs (de moins) de 15 ans", des "violences aggravées" ou encore des "privations d'aliments". L’un des couples mis en cause habite Châtillon-en-Bazois. Là-bas, c’est la stupeur qui domine cette petite commune de moins de 1.000 habitants. 

Un homme qui vivait "en marge".  Dans le village, Marcel connait l’un des pères mis en examen. Il l’avait côtoyé lors d’un stage d’insertion dans le milieu agricole. "C'était quelqu'un qui n'était pas très sociable, qui vivait en marge. Une fois sorti du stage d'insertion, je ne l'ai jamais vu travailler", raconte-t-il à Europe 1. "Ça n'était pas un personnage souriant, on ne cherchait pas à l'aborder ou à discuter avec lui, tout le monde en rigolait plus ou moins, jusqu'à ces faits très, très graves", poursuit-il. "C'est un petit voleur à la tire, personne n'aurait pu penser que ça allait aussi loin", ajoute encore cet habitant. "On n'imagine pas que ça puisse arriver chez soi".

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Une maison sinistre. Sur la façade décrépie de la maison, les volets verts sont fermés. Nathalie, l’une des huit personnes mises en examen, soulève le rideau de la porte d’entrée, mais refuse de s'exprimer. À quelques pas, les voisins, comme Paul, surveillent cette mère de famille barricadée chez elle. Personne, selon lui, n’imaginait un tel huis-clos. "Il faut voir l'état de la maison à l'intérieur, tout ce qui s'y passe, c'est malsain. C'est sale, sombre, détruit. Les enfants n'étaient pas très propres", rapporte-t-il. "Il y avait de la maltraitance, c'est sûr, mais après vous dire qu'il y avait des attouchements…"

"On l'a appelé 'Rambo'". Soupçons de maltraitances, mauvaises fréquentations, misère sociale. Ici, tous décrivent le couple comme "des marginaux". Le père avait même son surnom dans le village, explique la patronne du bar local. "L'hiver, il se promènerait en marcel, donc on l'a appelé 'Rambo'". Elle évoque "un cas social", voleur de mobylettes et de légumes. "Mais ça, ça n'est pas quelque chose qu'on aurait pu lui mettre sur le dos", ajoute-t-elle.

"Un milieu très carencé"

Sur les huit personnes interpellées, les cinq hommes sont en détention provisoire. Les trois femmes ont été placées sous contrôle judiciaire. "Les quatre enfants mettent en cause leurs parents respectifs et des adultes qui gravitent dans l'environnement amical de leurs parents, pour des faits qui se seraient passés à chaque fois dans un huis-clos total, sans témoin extérieur et sans aucune possibilité pour le voisinage de s'imaginer que de tels faits pouvaient se passer", explique à Europe 1 Paul-Édouard Lallois, le vice-procureur de Nevers.

"On est dans un milieu très carencé", souligne-t-il. "Sur les huit adultes, un seul avait un travail au moment de son interpellation", indique encore le magistrat, évoquant des personnes sans emploi, vivant de minimas sociaux.