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Sandrine Prioul, édité par Laura Laplaud / Crédit photo : Philippe HUGUEN / AFP
Faut-il consommer des tomates labellisées bio toute l'année, quitte à les produire en Bretagne dans des serres chauffées au gaz fossile en plein de mois de décembre ? Le Conseil d'État vient de donner raison aux gros producteurs qui pourront cultiver des tomates françaises labellisées bio hors saison.

C'est un produit phare de l'été : la tomate. Au moment où l'Europe suffoque, un débat refait surface. Faut-il consommer des tomates bio toute l'année, quitte à les produire en Bretagne, dans des serres chauffées au gaz fossile en plein mois de décembre ? La France avait abouti en 2019 à un compromis qui a été abrogé mercredi par une décision du Conseil d'État. Les consommateurs pourront à nouveau acheter des aubergines, des poivrons ou encore des concombres sous le label "bio", ce qui désole une partie des producteurs. 

"On a juste envie de manger des courges, du poireau, des choux-fleurs !"

Ils sont irréconciliables. Chauffer des serres pour produire des tomates bio en Bretagne en décembre est une aberration écologique pour certains, comme la maraîchère Claire Orieux. "Quand on sait l'impact écologique de ces serres chauffées... Culpabiliser les gens en disant 'si vous chauffez trop, on va vous couper l'électricité' et dire 'on va manger de la tomate' ! Non, si on mange de la tomate en saison, on arrive à fin octobre, et on n'en peut plus de la tomate ! On a juste envie de manger des courges, du poireau, des choux-fleurs !"

"On va flinguer une filière"

Très peu du goût de ceux qui se réjouissent de la décision, comme le directeur de Légumes de France, Sylvestre Bertucelli. "Retourner aux fruits et légumes de saison, c'est moins sympa quand c'est la saison du rutabaga et du chou de Bruxelles. Et puis, on peut très bien retourner à une agriculture française manu militari qui respectera les saisons, ça n'empêchera pas le Maroc et l'Espagne d'envoyer des tomates en France. Donc, ce qu'on va faire, c'est qu'on va flinguer une filière", affirme-t-il.

Agro-industrie contre petits producteurs, s'il faut faire du bruit, on en fera, clament ceux qui refusent de porter le même label agriculture biologique que leurs détracteurs.