Accident dans le Rhône : la sécurité des manèges en questions

Les manèges à sensation fortes doivent faire l'objet de contrôles réguliers (photo d'illustration).
Les manèges à sensation fortes doivent faire l'objet de contrôles réguliers (photo d'illustration). © AFP
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Les premiers éléments de l'enquête sur l'accident qui a coûté la vie à un père de famille près de Lyon, samedi, semblent révéler des carences dans l'entretien de l'attraction, relançant un débat récurrent.

Que s'est-il passé précisément à la fête foraine de Neuville-sur-Saône, près de Lyon, samedi après-midi ? Les premiers éléments de l'enquête sur l'accident qui a coûté la vie à un père de famille et blessé un enfant de huit ans semblent pointer des carences dans l'entretien du manège  à bord duquel il se trouvait. Une information judiciaire pour homicide involontaire, blessures involontaires et violation délibérée de prudence a été ouverte lundi, selon une source proche de l'enquête. Un expert judiciaire a été commis samedi soir et ne devrait rendre ses conclusions que dans quelques jours. D'ici-là, l'accident relance un débat récurrent sur la sécurité de ces installations.  

Que sait-on de l'accident du Rhône ?

Au sein d'une fête foraine organisée chaque année à Pâques, un manège composé de 14 nacelles accrochées à une structure tournante qui monte et descend s'est affaissé d'un coup, les nacelles touchant le sol et éjectant le quadragénaire décédé. Il n'est "pas exclu que le père de famille ait d'abord été blessé par une structure en fibre de verre qui s'est détachée au moment de l'accident", a indiqué le parquet dans un communiqué. À ce stade des investigations, il semble que la nacelle, qui accueillait l'homme, sa compagne et leur enfant, ne disposait que de deux ceintures de sécurité pour trois places. Aucun employé ne vérifiait que tous les passagers étaient bien attachés.

Selon les informations d'Europe 1, le manège comportait globalement d'importants dysfonctionnements mécaniques, hydrauliques et électriques.

Quels sont les précédents ?

Ces accidents mortels sont rares. Une femme de 35 ans, éjectée d'un manège de type "montagnes russes" dans un parc d'attraction de l'Oise est décédée après une chute d'une dizaine de mètres en 2009.  Un an plus tard, un jeune homme de 19 ans est mort électrocuté en tombant sur une piste d'auto-tamponneuses lors d'une fête foraine dans la Loire. En 2014, une adolescente tombe sous le wagon d'une "chenille" et succombe à ses blessures à Flins-sur-Seine, dans les Yvelines.

Leur médiatisation est systématiquement importante mais aucun organisme ne recense leur nombre précis. La dernière étude sur le sujet, réalisée par l'Institut national de veille sanitaire (INVS), porte sur les années 1999 à 2003. Sur cette période, 458 personnes ont été hospitalisées après des accidents survenus dans des parcs d'attraction et fêtes foraines, soit un peu moins d'une centaine par an. Cela représente 0,2% des accidents de la vie courante.

L'institut ne précise pas la proportion de ces accidents ayant entraîné des décès. Une autre étude de la Commission de la sécurité des consommateurs dénombre, elle, 13 accidents graves de manèges entre 2005 et 2006, "ayant fait une cinquantaine de victimes dont deux décès".

Qui est chargé du contrôle de ces attractions ?

En d'autres termes : comment expliquer que ces accidents continuent de se produire, malgré la prévention ? Après un grave accident ayant fait deux morts à la Fête des Loges, en 2007, une loi adoptée en 2008 a strictement renforcé la sécurité des manèges. Cette dernière dispose que les attractions doivent être soumises "à un contrôle technique initial et périodique portant sur leur état de fonctionnement et sur leur aptitude à assurer la sécurité des personnes". Ce contrôle est effectué par une dizaine d'organismes, tous agréés par l'État. Ses résultats doivent être affichés à la vue des utilisateurs. Selon nos informations, le contrôle annuel imposé aux manèges à "sensation fortes" des fêtes foraines avait bien été réalisé dans l'affaire de Neuville-sur-Saône : les investigations devront notamment expliquer comment les défaillances ont pu échapper à la vigilance des contrôleurs.

Sécurité des manèges : que prévoit la loi ?

À noter que le contrôle "technique" à proprement parler n'est pas le seul aspect à prendre en compte. Selon un rapport du Sénat, la plupart des accidents recensés dans les manèges relèvent d'abord d'un défaut de comportement ou de surveillance des utilisateurs. "Défaut de surveillance des parents, position dangereuse dans l'attraction, non respect des consignes de sécurité, défaut d'utilisation du système de retenue du passager…", énumère le document. Une part importante de la progression se situe donc dans la vérification des bons usages des machines par les consommateurs, notamment les enfants.

Les communes peuvent-elles faire quelque chose ?

Contrairement aux parcs d'attraction, les fêtes foraines s'installent de manière temporaire sur le territoire d'une commune, qui a la possibilité d'interdire l'exploitation d'un manège ou de lui imposer des réparations, rapporte Maire Info. Pour cela, la municipalité doit demander à consulter les conclusions du rapport de contrôle technique des appareils, puis des éventuelles contre-visites. Dans le dossier de l'accident mortel de Flins-sur-Seine, dans laquelle l'expertise a démontré des défauts sur les barres de sécurité des wagons notamment, l'exploitant du manège est ainsi renvoyé devant la justice… Aux côtés d'un contrôleur technique et du maire de l'époque. Un guide des bonnes pratiques a depuis été  adressé aux communes par le ministère de l'Intérieur.

À Neuville-sur-Saône, l'exploitant du manège accidenté a été mis en examen lundi, notamment pour homicide involontaire. À ce stade, aucun autre acteur du dossier n'est mis en cause.