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Sandrine Prioul / Crédit photo : JEFF PACHOUD / AFP , modifié à
Le Vatican sera le théâtre ce lundi d'une rencontre unique : celle du pape et d'une vingtaine de victimes d'abus sexuels au sein de l'Église. Parmi elles figure Ghislaine, violée dans son enfance par le frère Gabriel Gérard, auteur d'au moins 170 agressions sexuelles et viols. 50 ans plus tard, elle se confie à Europe 1.

C’est leur vœu, hors dédommagement financier… Parmi les 320.000 victimes d’abus sexuels dans l’Église comptabilisées dans le rapport Sauvé, certaines ont demandé à voir le pape. Elles seront une vingtaine reçues ce lundi matin au Vatican, notamment les victimes d’un instituteur du grand ouest de la France, déplacé d’école en école par l'institution catholique auquel on prête au moins 170 victimes d’abus sexuels. Parmi ses victimes figure Ghislaine, qui s'est confiée à Europe 1 juste avant sa rencontre avec le pape.

"Je ne voyais pas d'issue"

Aujourd'hui âgée de 63 ans, Ghislaine Magoarou fait partie des victimes du frère Gabriel Gérard, l'instituteur prédateur sexuel d'au moins 170 enfants. "J'ai été violée tous les jours pendant toute une année scolaire. Il m'appelait tous les jours à son bureau", raconte-t-elle. Des années plus tard, elle s'est confiée : "J'ai vraiment décrit ce qu'il m'avait fait. Peut-être que c'était trop cru, mais il faut savoir ce qui s'est passé. Franchement, c'est innommable. J'étais une petite fille, j'avais neuf ans et il m'a arraché à l'enfance. Je n'étais qu'une enfant. Je n'étais même plus rien puisque à la fin de l'année scolaire, j'ai tenté de me suicider. Je ne voyais pas d'issue", poursuit-elle.

Son issue a été la parole. Une fois son histoire connue, Ghislaine a décidé de prévenir l'opinion publique le plus possible. "Les indemnités ? Bien sûr que c'est important. Je n'aurai jamais de retraite, donc j'ai perçu 60.000 euros. Mais au-delà de ça, c'est là qu'intervient notre démarche auprès du pape pour lui dire ce qui nous est arrivé. Parce qu'accepter de recevoir des personnes qui ont été victimes d'agressions sexuelles, c'est qu'il reconnaît que l'Église a failli. Et il va falloir qu'il fasse attention, qu'il se bouge un petit peu au sein de leur grande maison silencieuse", conclut la sexagénaire. Un rendez-vous dont Ghislaine attend la promesse que plus jamais de pareilles horreurs n'auront cours.