Les paroissiens de la cathédrale de Luçon sont bouleversés après la publication du rapport Sauvé 2:48
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Charles Guyard édité par Solène Delinger , modifié à
Les révélations du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l'Eglise catholique ont créé une véritable déflagration. C'est dans ce contexte particulier que les croyants sont retournés à la messe ce dimanche. Les paroissiens de la cathédrale de Luçon, en Vendée, ont confié au micro d'Europe 1 leur honte, leur colère et leur déception suite à la publication du rapport. Reportage. 
REPORTAGE

D'abord la stupéfaction, puis "la honte" : à Luçon, en Vendée, croyants et religieux sont toujours aussi bouleversés, quelques jours après la publication de l'édifiant rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l'Eglise catholique. Après deux ans et demi de travail et des milliers de témoignages recueillis partout en France, le rapport de la commission indépendante a révélé qu'au moins 216.000 mineurs ont été victimes de violences sexuelles par des prêtres ou des religieux, depuis 1950. Un chiffre aussi accablant pour l'Eglise que révoltant pour les paroissiens. 

"Comment être croyant après des choses comme ça ?"

L'émotion était particulièrement vive ce dimanche devant la cathédrale de Luçon, où une plaque a été spécialement posée en mars dernier au sujet des actes de pédocriminalité dans l'Eglise. Michelle et Bella, deux paroissiennes, ne se remettent toujours pas des révélations du rapport Sauvé. "Comment voulez-vous être croyante après des trucs comme ça ?", s'interroge Michelle. "On garde la foi mais quelque chose s'est cassé", ajoute-t-elle au micro d'Europe 1. "Si j'étais maman aujourd'hui, je n'enverrais pas mes enfants en colonie de vacances avec des prêtres ou des curés", confie Bella. 

"Ce sont des criminels"

Ces mêmes prêtres et curés étaient les seules références des enfants envoyés dès l'âge de 10-11 ans au petit séminaire de Chavagnes en Palliers, toujours en Vendée, non loin de Montaigu. Charles a toujours vécu ici, juste à côté du pensionnat, sans savoir ce qui se passait derrière les hauts murs de l'institution. "On n'a rien vu", déplore-t-il. "Ils étaient en communauté au séminaire donc ça s'est fait comme ça, sans qu'on s'en rende compte". À  l'époque, sœur Marie était au couvent, à quelques rues du séminaire qui abrite aujourd'hui un collège. Elle est écœurée. "C'est une honte. Il faut que ça se sache", confie-t-elle au micro d'Europe 1, la voix tremblante. "Ce sont des criminels".  Pour le seul département de la Vendée, plus de 70 victimes ont été identifiées à ce jour pour 45 agresseurs recensés. 

Les fidèles plaident pour la mise en place de "mesures fortes de prévention"

Comment l'Eglise catholique doit-elle réagir face à ces chiffres accablants ? Peut-elle faire changer les choses ?  Pour Jean-Marie Guénois, rédacteur  en chef et spécialiste des questions religieuses au "Figaro", les évêque doivent prendre des mesures fortes de prévention, comme le demandent les fidèles. "Il faut que les prêtres qui se comportent mal soient tout de suite mis sous enquête pour que ce cauchemar de la pédophilie appartienne au passé".