En juin 2018, l'unité cyberdouane de la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières a démantelé mi juin French Deep Web-Market. 1:02
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Clémence Olivier
Comment fonctionne le darknet ? Qui le surveille ? Peut-on lutter contre les transactions illicites qui s'y déroulent ? Europe 1 a posé la question à Catherine Chambon, sous-directrice de la lutte contre la cybercriminalité à la Direction centrale de la police judiciaire.

Après la mise hors ligne en juin 2018 d'une importante plateforme du darknet, cette partie cachée d'Internet où pullulent la vente illégale de drogues, d'armes et de faux papiers, l'unité cyberdouane de la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières a démantelé mi juin French Deep Web-Market, "la plus importante plateforme du dark web francophone".

Un beau coup de filet pour les autorités françaises car ce forum permettait de mettre en relation près de 6.000 utilisateurs et 750 vendeurs de drogues, d'armes, de faux papiers, de coordonnées bancaires et d'outils de piratage informatique. "Une bonne partie du darknet français a été mis à mal", se réjouit mardi sur Europe 1, Catherine Chambon, sous-directrice de la lutte contre la cybercriminalité à la Direction centrale de la police judiciaire au micro de Wendy Bouchard.

Des moyens humains, techniques et juridiques

Pour autant, a-t-on les moyens d'éradiquer le darknet, cet ensemble de réseaux cryptés et cachés au sein de la partie d'internet non référencée par les moteurs de recherche classiques ? Oui, répond la première cyberflic de France : "On a des moyens humains, techniques et juridiques pour identifier les structures qui permettent à des acheteurs et des vendeurs de rentrer en relation, pour essayer de démonter l'offre et la demande et voir comment sont gérés les fonds financiers qui peuvent transiter par ces plateformes", assure Catherine Chambon.

Grâce à Europol et à Interpol, la police française travaille également en étroite collaboration avec les polices européennes et internationales. "Dans ces enceintes, des réflexions sont menées pour développer des outils afin de permettre aux Etats membres d'être plus performants sur ce genre de lutte contre la cybercriminalité", précise-t-elle.

"Il y a une résurgence régulière" de ces plateformes

Pour autant, c'est un travail titanesque que mènent les enquêteurs car dès qu'une plateforme est démantelée une autre surgit quelque temps plus tard. "Il y a une résurgence régulière car il y a un marché, des vendeurs et des acheteurs", détaille Catherine Chambon. Selon elle, ce n'est qu'en médiatisant l'action des autorités et les coups de filets, et en faisant comprendre aux internautes que le darknet n'est pas un endroit sûr et confidentiel, que les réseaux illégaux pourront à terme être asséchés.