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Jean-Sébastien Soldaïni, édité par Mathilde Durand
Les producteurs de lait ne peuvent stocker leurs marchandises indéfiniment. Sophie Lacaisse, productrice, a déversé... 6.400 litres de lait depuis l'incendie. 

Six jours après l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, les agriculteurs sont en plein désarroi. Au moins 1.800 fermes sont touchées par les retombées des suies du nuage de fumée. Les légumes, les œufs, le miel sont confinés dans l'attente d'analyse. Et le lait également. Plus de 200.000 euros de produits laitiers sont détruits chaque jour.  Les producteurs ne peuvent en effet pas stocker indéfiniment dans les tanks, de grands réservoirs. Des hectolitres de lait sont donc jetés chaque jour, avec certains risques pour l'environnement.   

Depuis jeudi, Sophie Lacaisse, productrice de lait, a été obligée de déverser 6.400 litres de lait sur ses parcelles. Ses 120 vaches ne peuvent s'arrêter de produire. "Là, on vide le tank à lait, avec un lait susceptible d'être contaminé, dans notre fosse à lisier pour l'épandre sur notre terrain. Où est le lait pollué ? Est ce qu'il va se retrouver dans la plante ? Vous allez le retrouver dans votre assiette avec le blé, ou avec l'orge ! Est ce qu'il va s'écouler vers les nappes phréatiques ? Alors c'est la population qui va boire cette eau contaminée", se désole la productrice.  

Des craintes sur la contamination de l'eau

La nappe phréatique alimente le Cailly affluent de la Seine qui coule en contre bas de son champs et au fond du jardin de Yannick. Ce dernier sent que les eaux sont déjà touchées. "La couleur n'est pas naturelle ! Quand il pleut, elle tourne au marron mais là c'est gris-noir, explique le riverain. "La source est juste à côté, à deux-trois kilomètres. On devrait voir le fond, et les poissons. On sent déjà les premiers effets."