Zacharias droit dans ses bottes

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
L’ex-PDG de Vinci, qui doit s’expliquer sur ses rémunérations, est apparu sûr de son bon droit.

Antoine Zacharias comparaît depuis jeudi matin et pour deux jours devant le tribunal correctionnel de Nanterre. L’ancien PDG du géant du BTP Vinci est poursuivi pour abus de biens sociaux. Dans le collimateur de la justice : les conditions financières très avantageuses dans lesquelles il avait quitté ses fonctions, en 2006.

"Je n'ai pas fait de mal"

Costume gris métal à rayures blanches, petit bouc blanc, l'ancien patron a assuré à la barre : "Je n'ai pas fait de mal, j'ai consacré ma vie à cette société. Mais je sais ce que je veux dans la vie".

Au total, Antoine Zacharias a touché 3,3 millions d'euros de salaire annuel en 2004, puis 4,2 millions en 2005, une indemnité de départ de 12,8 millions en 2006 et une retraite complémentaire annuelle de 2,1 millions d’euros. Sans compter les plans de stock-options. Ces sommes avaient créé la polémique quand elles avaient été révélées publiquement.

Mais ce qui intéresse la justice, c’est le fait qu'Antoine Zacharias a pu, au moment opportun, modifier les règles du jeu en sa faveur. En 2004, le PDG aurait fait procéder au renouvellement complet du comité des rémunérations de Vinci. Ce dernier avait jusqu’alors plafonné son salaire. Quelques mois plus tard, les émoluments d’Antoine Zacharias, désormais indexés sur les résultats de Vinci qui progressaient en flèche, avaient eux-mêmes bondi.

"Tout ça avait été longuement discuté. Chez nous, il n'y avait pas de conflit et ça se passait dans la bonne humeur", s'est défendu l'ancien PDG, qui avait visiblement décidé de s'amuser un peu. Comme quand il explique que le Britannique Quentin Davis, devenu ensuite secrétaire d'Etat dans le gouvernement de Gordon Brown, avait été choisi dans le comité de rémunérations parce que les Anglais, dit-il, aiment ça, et qu'avec l'argent, ils sont décomplexés.

Jusqu'à cinq ans de prison

Les trois membres du comité de rémunération qui ont été écartés, dont l'économiste Alain Minc, ont déclaré à la police avoir été écartés parce qu'ils s'opposaient aux augmentations. Antoine Zacharias a de son côté nié avoir fait pression.

Antoine Zacharias, 71 ans, risque jusqu’à cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende. Il vit actuellement retiré en Suisse. Quant au groupe Vinci, il est partie civile dans ce procès mais il ne devrait pas demander de dommages et intérêts à son ancien PDG. Reste que cette affaire est la première de ce type en France depuis le début de la crise financière et elle pourrait faire jurisprudence.