Wildenstein : bataille pour un héritage

L'héritage familial est estimé à 4 milliards d'euros.
L'héritage familial est estimé à 4 milliards d'euros. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
Guy Wildenstein a été mis en examen pour la détention d’œuvres d’art "disparues ou volées".

Une affaire de famille qui tourne au vinaigre. Guy Wildenstein, élu UMP de Washington à l’Assemblée des Français de l’étranger et héritier d’une lignée de prestigieux marchands d’art, a été mis en examen mercredi pour recel d’abus de confiance. Des policiers, qui enquêtaient sur la très délicate succession au sein de la famille, avaient retrouvé en janvier des œuvres "disparues ou volées", lors d’une perquisition à l’Institut Wildenstein.

Tout part d’une première plainte déposée en 2009 par la belle-mère de Guy Wildenstein, Sylvia Roth, à propos de l’héritage de Daniel Wildenstein, mort en 2001. Selon la veuve, décédée en novembre, une partie du patrimoine aurait été dissimulée dans des trusts hébergés dans des paradis fiscaux. La fortune familiale, colossale, est estimée à quatre milliards d’euros. Outre des milliers de toiles de maîtres, elle comprend également un ranch au Kenya (où a été tourné le film Out of Africa) et un îlot aux Îles Vierges.

Lignée de marchands d’art

Un trésor amassé par une lignée de marchands d’art fondée par Nathan Wildenstein, arrière-grand père de Guy, dans les années 1870. Son fils, puis son petit-fils Daniel reprennent le flambeau, fondent l’Institut Wildenstein. Daniel Wildenstein, passionné par les impressionnistes, mène notamment des recherches sur Monet. Dans sa collection, entre autres : 20 Renoir, dix Van Gogh, dix Cézanne.

La plainte de Sylvia Roth débouche sur la perquisition à l’Insitut Wildenstein en janvier. C’est là que les enquêteurs repèrent les œuvres suspectes. Dont une toile de l’impressionniste Berthe Morisot, évaluée à 800.000 euros, qui avait disparu depuis 20 ans. Yves Rouart, co-héritier de la dernière propriétaire connue, Anne-Marie Rouart, porte alors plainte contre X pour "recel de vol". Une nouvelle information judiciaire est ouverte et c’est dans le cadre de cette procédure que Guy Wildenstein est mis en examen.

"Une erreur ou un oubli"

Daniel Wildenstein s’était occupé d’une partie de la succession d’Anne-Marie Rouart. Dans un droit de réponse publié dans Le Point, Guy Wildenstein affirmait que la présence du tableau de Berthe Morisot à l’Institut "ne pourrait résulter que d’une erreur ou d’un oubli", les œuvres de la collection Rouart ayant été régulièrement entreposées à l’Institut Wildenstein.

Guy Wildenstein, gros donateur de l’UMP, décoré de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy en 2009, a été laissé libre sans contrôle judiciaire. Confiant, son avocat, Me Hervé Témime, n’a "aucun doute sur l’issue de cette procédure" et se "réjoui[t] de cette situation qui va permettre à M. Guy Wildenstein de se défendre".