Un nouveau M. Sécurité à Marseille

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avec Yann Terrou , modifié à
Un nouveau préfet délégué devrait être nommé, après l’échec de ses deux prédécesseurs.

Des règlements de compte sanglants depuis quelques mois ont remis le problème à la Une de l'actualité. Marseille, confrontée à un problème de sécurité récurrent, va accueillir un nouveau préfet délégué à la sécurité, le troisième en deux ans. Une nomination qui illustre les difficultés des forces de l’ordre sur place.

Les chiffres confirment ce sentiment : au premier semestre 2011, les cambriolages ont augmenté de 14% dans les Bouches-du-Rhône par rapport à la même période l'an dernier, les vols à main armée de 18%, et de 40% à Marseille, selon les dernières statistiques confirmées par la préfecture.

Pas un seul policier croisé dans la journée

Félix Piat, La Castellane, La Busserine, La Savine, Clos La Rose… Autant de quartiers dans lesquels les policiers ne passent que très rarement, si ce n’est pour d’importantes et médiatiques opérations anti-drogue, comme ce fut le cas après la mort d'un adolescent. Mais le reste du temps, les policiers ne peuvent intervenir, faute de moyens et malgré les demandes des habitants.

Ce sentiment d’impuissance est partagé par les policiers eux-mêmes, qui regrettent que certains concitoyens ne croise pas un seul agent certaines journées. "Vous prenez n’importe quelle rue au hasard, vous prenez un emploi jeune et vous lui dîtes de comptabiliser les voitures de police qui passent. Vous allez voir, il y a des jours, des citoyens ne voient pas une voiture de police passer", regrette Alphonse Giovannini, représentant du syndicat Unité-police.

Dans certains quartiers, la situation est telle qu’a été exceptionnellement décrétée la présence 24 heures sur 24 d’une compagnie de CRS. C’est le cas Porte d’Aix, où le nombre de vols et agressions a explosé ces derniers mois. Nabil, un commerçant de ce quartier central : "Ce qui arrive, c’est que des clients viennent acheter dans la boutique et en ressortant se font arracher leur collier en or. Ce qui serait bien, ce serait de vraiment faire des rondes régulières et de faire comprendre aux gens qu’ils sont là et reviendront souvent".

Une valse des préfets

A défaut d’envoyer des policiers supplémentaires, le ministère de l’Intérieur dépêche donc un nouveau préfet délégué à la défense et à la sécurité, le troisième en deux ans. Proche de Nicolas Sarkozy et actuellement en poste place Beauvau, Alain Gardère devrait être nommé le 24 août. Il remplacera Gilles Leclair, arrivé en décembre. "Je ne suis ni le sauveur, ni Jésus Christ!", avait-il déclaré à La Provence, avant d’ajouter : "nous n'avons jamais eu la prétention de faire stopper tous les trafics".

A gauche, l'annonce de l'arrivée d'un nouveau préfet de police a été accueillie jeudi avec scepticisme. "On fait sauter un fusible alors que toute l'usine électrique est à refaire!", déplore le maire de secteur socialiste Patrick Mennucci, qui "salue le travail de Gilles Leclair, un homme ouvert et sérieux". Et ce dernier d'ajouter : "chaque fois que Gilles Leclair a eu les moyens d'une politique de sécurité, il les a mis en oeuvre". De la droite à la gauche, les élus réclament les policiers manquants, 400 selon eux dans une ville de 860.000 habitants.