Un camp de Roms démantelé près de Lille

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Jessica Jouve avec Solène Cordier et AFP , modifié à
Environ 200 familles sont expulsées, sans solution alternative.

Les riverains du quartier de la rue Verte, à Villeneuve d’Ascq, ont regardé la scène avec effroi. Deux compagnies de CRS ont évacué jeudi matin, à Hellemmes, une trentaine de familles de Roms, logées dans des abris de fortune sur un terrain appartenant à l'Etat et à la communauté urbaine de Lille.

Une expulsion qui n’est toutefois pas une surprise depuis qu’un juge lillois a pris une ordonnance d’évacuation.

Le père Arthur "désespéré"

Les familles prennent quelques effets sur le dos et repartent, à pied, pour une destination inconnue, a constaté une journaliste d’Europe 1.

Le père Arthur, investi auprès des Roms de la rue Verte dont il devait baptiser publiquement une dizaine d’enfants aujourd’hui pour dénoncer les expulsions, ne comprend pas : "je suis désespéré, je pensais que les choses allaient être stoppées, que mon intervention allait stopper un peu les choses, mais ça n’a fait peut-être que les accélérer. Je me demande si je ne suis pas un peu coupable d’avoir accéléré les choses."

Un voisinage difficile

Cela fait deux ans que les habitants des HLM de Villeneuve d’Ascq se plaignent de ce voisinage forcé avec les familles roms, un camp d'environ 200 personnes. "Ils ont cassé toutes les pompes à incendie pour se ravitailler en eau. Ils se sont connectés à un compteur électrique de la résidence derrière laquelle ils sont installés, de manière dangereuse et tout à fait illégale. A ça s’est ajouté un tas de trafics et notamment des tirs de feu tout récemment, quasiment en-dessous de nos fenêtres", confie une habitante à Europe 1.

Demande de solutions alternatives

Les riverains et les associations dénoncent cependant ces expulsions sans solution, qualifiées d’opérations médiatiques. Parmi elles, le collectif Solidarité Roms avait dénoncé le 1er août la menace d'une expulsion sans solution alternative qui pesait sur deux campements rassemblant quelque 200 Roms près de Lille.

Le collectif avait rappelé que François Hollande, lors de la campagne présidentielle, s'était prononcé dans une lettre aux associations pour que "lorsqu'un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives soient proposées".

"Sarkozy ne nous a jamais expulsés, finalement, c'est le PS"

La communauté urbaine de Lille (LMCU) a mis en avant les problèmes de sécurité et l'afflux de ces populations dans l'agglomération. Comme le souligne un article du Figaro, l’agglomération lilloise compte 2.800 Roms aujourd’hui, "presque trois fois plus qu’en 2010" selon Maryvonne Girard, la première adjointe au maire en charge de la sécurité.

LMCU, présidée par Martine Aubry (PS), et l'Etat, propriétaires des terrains, avaient engagé une procédure devant la justice pour que soient démantelés ces campements illicites.

"Sarkozy ne nous a jamais expulsés, finalement, c'est le PS", conclut, amer, Yann Lafolie, président de l'Atelier solidaire, membre du collectif Solidarité Roms, présent sur les lieux et "en colère".