Le terrain de foot de Saint-Georges-de-Reneins, dans le Rhône, occupé il y a quelques mois par des gens du voyage. 1:26
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Jean-Luc Boujon, édité par Loane Nader
Les maires seront-ils bientôt moins démunis face aux campements illégaux des gens du voyage qui s'installent dans leurs communes ? C'est en tout cas le sens d'une proposition de loi portée par un député de la majorité qui devrait être débattu avant la fin de l'année. Europe 1 s'est rendue dans une commune à qui profiterait ce texte.

La question de l'accueil ou de l'expulsion des gens du voyage va revenir à l'Assemblée nationale. Le député de la majorité Ludovic Mendes est à l'origine de proposition de loi pour renforcer le pouvoir des préfets lorsque des populations s'installent dans leurs communes sans autorisation et pompent les ressources municipales. À Saint-Georges-de-Reneins dans le Rhône, cette loi serait la bienvenue pour son maire, Patrick Baghdassarian. Le 21 mai dernier, des gens du voyage forçaient le portail et s'installaient sur le terrain de foot de la commune. 

"Il y avait 80 caravanes qui sont rentrées par effraction. Moi, j'ai dit 'non, je ne suis pas d'accord.' Ils sont branchés sur l'électricité, ils se servaient de l'eau sur la borne incendie. Ce que fait un délinquant !" Ce dernier a alors averti le sous-préfet, qui cinq jours plus tard lui a délivré un arrêté d'expulsion. Si ce délai était très court, c'est notamment parce que l'élu a mis en avance la présence, sous le stade, d'une conduite de gaz et donc d'un grave danger potentiel.

"Finalement, on laisse faire"

Pourtant, le lendemain, l'expulsion n'a pas eu lieu, comme l'explique Patrick Baghdassarian. "Le sous-préfet m'a dit : 'Vous ne vous rendez pas compte, il va falloir mobiliser trois compagnies de gendarmerie et tout.' J'ai dit, 'Oui, et alors ? Ils sont dans l'illégalité !' Donc finalement, on laisse faire. Et puis, nous derrière, il a fallu nettoyer le terrain et tout réparer, ils nous avaient laissé de beaux souvenirs..." 

Le maire émet donc des doutes sur l'efficacité de cette proposition de loi, censée permettre aux préfets d'agir plus vite. "On a l'impression que tout va être résolu mais ce n'est pas vrai. Parce que, quand vous êtes sur le terrain, quand vous lisez ça, vous vous dites qu'on n'a pas avancé d'un pouce. Parce que aujourd'hui, si je n'ai pas la canalisation de gaz, jamais, je n'ai l'arrêté d'expulsion", déplore-t-il, en attendant le débat sur la proposition de loi avant la fin de l'année.