Rétrogradé parce qu’il est séropositif

© MAXPPP
  • Copié
avec Matthieu Bock , modifié à
TEMOIGNAGE - Joël a subi des discriminations lorsque ses collègues ont appris sa maladie.

"Quand on buvait le café le matin tous ensemble, j’étais de moins en moins sollicité, et quand on se faisait la bise le matin, il y avait toujours une excuse plus ou moins bidon". A l’occasion du Sidaction, Joël, 47 ans, raconte la discrimination qu’il a subie, lorsque la directrice de l’agence bancaire où il travaillait a appris sa maladie, et qu’elle en a averti tous ses collègues.

A l’époque, il venait de contracter le Sida, et avait subi une complication, qui l’avait fait tomber 45 jours dans le coma. Intriguée, la directrice s’était faite passer pour sa sœur au standard de l'hôpital, et avait percé le secret médical.

"Ils m’ont mis au sous-sol de l’agence"

En plus du rejet de ses collègues, qui ne lui ont jamais dit qu’ils étaient au courant de sa maladie, Joël a été rétrogradé plusieurs fois, sans explication. "J'étais déjà passé à un échelon inférieur, là on m’a rétrogradé une nouvelle fois pour me passer à un poste de guichetier. De là, ils m’ont carrément mis aux archives, dans les sous-sols de cette agence", se souvient-il.

C’est en allant voir sa supérieure qu’il a pu connaître enfin la vérité : "je suis allée voir ma directrice, elle m'a dit 'Joël, il y a une chose qu’il faut que je te dise, tout le monde est au courant que tu es séropositif, il va falloir que tu l’annonces'".

Joël est aujourd’hui déclaré inapte au travail. Il a été licencié, mais ne touche qu'une partie infime de ses indemnités après 10 ans de bataille juridique.

Des malades fortement touchés par le chômage

Les personnes vivant avec le VIH sont deux fois plus touchées par le chômage que les autres. Une personne sur deux perd son emploi dans les six mois après avoir annoncé sa séroposivité à son employeur.

Des difficultés qui s’expliquent notamment par la crainte qu’inspire encore cette maladie. Dans une étude récente, 42% des salariés concèdent qu'ils seraient inquiets s'ils devaient travailler avec une personne atteinte du VIH, et 16% déclarent qu'ils préviendraient leurs collègues.

Europe 1 est partenaire du Sidaction. Pour faire un don, cliquez ici.