Rémi Ochlik, un photoreporter prodige

© Rémi Ochlik Agence IP3 Press
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Solène Cordier , modifié à
PORTRAIT - Le jeune photojournaliste est mort mercredi lors de bombardements à Homs, en Syrie.

Photographe français, extrêmement talentueux et reconnu par ses pairs, Rémi Ochlik est mort mercredi à l'âge de 28 ans dans des bombardements à Homs en Syrie, en même temps que la reporter d'origine américaine Marie Colvin.

Dans un mail envoyé mardi au journaliste de Paris Match Alfred de Montesquiou, rentré de Syrie il y a quelques jours, Rémi Ochlik écrivait "Je viens d'arriver à Homs, il fait nuit. La situation semble extrêmement tendue et désespérée. L'armée syrienne envoie des renforts en ce moment et la situation va empirer, à ce que nous disent les rebelles. Je vous tiens au courant."

"Tout sauf une tête brûlée"

Né dans l'est de la France en 1983, le photojournaliste travaillait pour plusieurs médias, après avoir fondé sa propre agence de photo, IP3 Press, pour couvrir l'actualité parisienne et les conflits du monde entier. "Rémi c'est tout sauf une tête brûlée. C'est quelqu'un d'extrêmement calme, presque froid d'ailleurs, très réfléchi", a confié à Europe 1 Alfred de Montesquiou.

Sur son site, on peut voir les images qu'il avait rapportées en 2011 de Tunisie et de Libye, un travail pour lequel il venait de recevoir le World Press Photo. Dans sa courte biographie, on apprend également que le premier conflit qu'il a couvert, à vingt ans, était la chute du président haïtien Jean-Bertrand Aristide.

En 2004, il n'a pas encore terminé ses études à Icart-Photo lorsqu'il tombe sur une dépêche racontant la montée des tensions dans le pays. Il prend un billet pour Port-au-Prince et passe trois semaines sur place, rapporte le site Photographie.com dans un portrait publié à l'époque. Ce voyage a été son baptême du feu.

Primé à plusieurs reprises

Jean-François Leroy a été l'un des premiers à remarquer les photos du jeune homme. "On m’a montré un travail sur les événements d’Haïti. Très beau, très fort. Je ne connaissais pas le mec qui a fait ça. Je l’ai fait venir. Il s’appelle Rémi Ochlik, il a vingt ans. Il a travaillé tout seul, comme un grand. Voilà. Le photojournalisme n’est pas mort ", déclarait le directeur de Visa pour l'image en 2004.

Ses photos ont été publiées dans plusieurs médias comme Le Monde Magazine, VSD, Paris Match, Time Magazine et The Wall Street Journal. En décembre, son travail a reçu le premier prix du festival Scoop Grand Lille pour trois de ses reportages : "La révolution du Jasmin", "Egypte Tarhir Square" et "La chute de Tripoli".