Qui se cache derrière Jeudi Noir ?

Jeudi Noir entend lutter contre la crise immobilière via des actions médiatiques.
Jeudi Noir entend lutter contre la crise immobilière via des actions médiatiques. © Maxppp
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Caroline Vigoureux , modifié à
Europe1.fr a établi la fiche signalétique de l’association engagée contre la crise du logement.

Date de naissance. Ce sont les anciens de Génération Précaire,collectif qui dénonçait la condition des stagiaires, qui ont décidé, en 2006, de créer Jeudi Noir. Chacun des fondateurs s’est servi de son histoire personnelle, de sa difficulté à trouver un logement à Paris, pour en faire un combat.

Qui sont-ils ? Le collectif est principalement composé de jeunes âgés de 20 à 30 ans. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, Jeudi Noir n’est pas une association. Il s’agit d’une organisation informelle, composée uniquement de bénévoles. "Nous n’avons pas de poste, pas de salarié, pas de budget et pas de président", s’attache à rappeler Julien Bayou, l’un des fondateurs. Les créateurs de Jeudi Noir sont à l’origine d’autres collectifs (Sauvons les riches, La France qui se lève tôt), qui ont pour but d’interpeller le gouvernement sur des problématiques de société, souvent via la carte de l’humour.

D’où vient le nom "Jeudi Noir" ? Le jeudi fait référence au jour où les annonces immobilières sont diffusées. "Pour les jeunes en recherche de logement, le jeudi est une journée noire : celle de la chasse aux petites annonces", explique le collectif sur son site internet.

Combien sont-ils ? Impossible de chiffrer le nombre de bénévoles, puisque l’organisation n’a aucune structure. Jeudi Noir tente toutefois de comptabiliser les membres en fonction du nombre de gens qui lisent les mails envoyés, soit 260 personnes. "On assume le fait de ne pas être nombreux. Nous n’avons pas prétention à rassembler. La charge est surtout symbolique", assure Julien Bayou.

Comment font-ils passer leur message ? Jeudi Noir agit via des actions sporadiques, souvent décalées. Ils ont notamment pour habitude de réquisitionner des immeubles vides, ou encore de s’inviter - souvent déguisés - à la visite d’appartements dont le loyer est très élevé. Pour se faire entendre, le collectif ne manque pas d’audace. Lundi, on pouvait lire sur le compte Twitter de Julien Bayou : "Jeudi noir Matignon avis a ceux qui veulent visiter (presse ou copains pour l'apéro) contactez notre service d'ordre (Prefecture) 015373207". Jeudi Noir possède des relais dans plusieurs villes de France, dans lesquels se sont déjà déroulées des "actions coups de poings".

De quel bord politique se revendique le collectif ? Jeudi Noir n’est pas étiqueté politiquement mais l’organisation est principalement soutenue par des personnalités de gauche. Le député UMP Etienne Pinte est le seul membre de la majorité à avoir affiché son soutien à Jeudi Noir. Julien Bayou, co-fondateur, est lui-même élu au Conseil régional d’Ile-de-France sous la bannière d’Europe Ecologie.

Qui soutient Jeudi Noir ? Depuis quelques jours,les soutiens politiques à Jeudi Noir se multiplient. Surtout depuis qu’ils ont pris d’assaut un immeuble parisien, situé dans une rue hautement symbolique pour le gouvernement, avenue Matignon, à deux pas de l’Elysée. Benoît Hamon, Jean-Paul Huchon, Eva Joly s'y sont succédés pour venir soutenir les jeunes qui occupaient ces immeubles. Le collectif espère désormais recevoir la visite de Jean-Luc Mélenchon et Etienne Pinte.

Qu’est ce qu’ils revendiquent ? Jeudi Noir entend lutter contre "la crise du logement" dans son ensemble. Le collectif s’appuie sur le constat dressé par la fondation Abbé Pierre et l’association de droit au logement (DAL). "Tout le monde est concerné : les SDF, les mal-logés et tous ceux qui subissent la cherté du loyer. C’est l’ensemble de la population que nous défendons", explique Julien Bayou. Le collectif réclame notamment la construction massive de logements sociaux, la refonte des APL et demande aussi à mettre fin aux 10% de logements vides à Paris.

A quoi aspirent-ils ? Jeudi Noir n’a pas vocation à se pérenniser. "Il ne s’agit que de bénévoles. Personne ne souhaite en faire son métier", rappelle Julien Bayou. L’organisation n’a donc pas de projet à long terme, si ce n’est que le logement reste une priorité du gouvernement qui constitue déjà, selon Julien Bayou "un projet ambitieux".