Prothèses : un nouveau scandale en vue

Radio des hanches
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Mounia Van de Casteele , modifié à
Après les prothèses mammaires PIP, c’est au tour des prothèses de hanche ASR d’être sur la sellette.

C’est une nouvelle remise en question pour la sécurité des dispositifs médicaux. Mardi, dans une enquête commune, reprise par Le Monde, la BBC et le British Medical Journal s’inquiètent du risque encouru par les centaines de millions de patients dans le monde qui se sont fait poser des prothèses de hanche ASR. En effet, ce n’est qu’en juillet 2010, sous la pression des autorités sanitaires françaises, que le géant américain Johnson & Johnson a dû retirer du marché un modèle de prothèses de hanche à risque.

Prothèses métalliques

Il s’agit des prothèses ASR, élaborées par la filiale DePuy.Des prothèses qui se sont révélées défectueuses, entraînant un taux de reprise, c’est-à-dire les interventions suite à la pose de la prothèse, anormalement élevé.  De plus, ces prothèses “métal métal“ ont engendré la libération de particules métalliques dans l’os et le sang des patients. Ce modèle de prothèses à base de métal est censé être plus résistant que les modèles en céramique. Problème : le frottement des morceaux de métal entraîne la libération d’ions métalliques néfastes pour la santé. La même “incertitude entourant la toxicologie des ions métalliques dans le corps“ n’aurait jamais été tolérée pour un médicament, déplore Le British Medical Journal.

Deux mises en garde

Deux courriers ont été adressés par DePuy aux hôpitaux et cliniques françaises où avaient été implantées ces prothèses le 2 juillet puis le 27 août 2010. Le premier préconisant de stopper l’utilisation des prothèses et le second indiquant la nécessité de procéder à toute une batterie d’examens. Et donc un possible remplacement de la prothèse. D’après l’Afssaps, il y aurait eu un signalement en 2010, cinq en 2011 et un en 2012.

Ces prothèses avaient d’ores et déjà été retirées des marchés américain et australien depuis 2009. L'Australie avait d’ailleurs donné l’alarme en 2007 à la suite d’un très fort taux de reprise. DePuy avait botté en touche, prétextant une mauvaise formation des chirurgiens. Et les prothèses ont continué à être commercialisées en France jusqu’en juillet 2010. En effet, Le Figaro révèle que "le scandale des prothèses de hanche ASR serait presque passé inaperçu si le géant américain Johnson & Johnson ne venait de provisionner trois milliards de dollars en prévision des procès à venir".

En France, les prothèses seraient portées par 380 personnes et 93.000 dans le monde. Chaque année, 140.000 prothèses seraient posées dans l’Hexagone. Cependant, l’unique registre national en la matière, celui de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique, créé il y a six ans, ne répertorie que 7.331 prothèses de hanches pour 2011…