Mères porteuses : un débat houleux

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La question de la légalisation des mères porteuses divise le gouvernement, la communauté médicale et même les philosophes.

Faut-il autoriser les mères porteuses ? La question sera débattue jeudi 12 juin à l’occasion d’un forum organisé par Sylviane Agacinski à Rennes. Auteur de l'essai Corps en miettes, la philosophe a lancé en mai, avec quelque 80 autres personnalités, un manifeste autorisant la gestation pour autrui, estimant impossible d'empêcher une marchandisation du corps de la femme.

Cette demande avait été lancée par l'association Clara fondée par les époux Mennesson, parents de jumelles nées grâce à une mère porteuse aux Etats-Unis et qui se retrouvent privées d'état-civil en France. Il a été signé par quelques 70 personnalités dont la philosophe Elisabeth Badinter. Celle-ci estime que la légalisation permettrait d'"encadrer" la pratique et ainsi d'éviter "des dérives insupportables".

Bien qu'elle soit interdite et passible de sanctions pénales, près de 400 couples Français auraient recours chaque année à la gestation pour autrui, notamment des femmes n'ayant pas d'utérus. Au sein même du gouvernement, le sujet a fait l'objet d'un échange à fleuret moucheté entre la secrétaire d'Etat à la Famille, Nadine Morano, et la ministre du Logement Christine Boutin.

La première s'est prononcée à plusieurs reprises en faveur d'une légalisation des mères porteuses "très encadrée" et exclusivement pour des raisons médicales. Elle a également affirmé qu'elle serait prête à porter l'enfant de sa fille si celle-ci souffrait d'une malformation utérine. Christine Boutin s'est étonnée des propos "surprenants" de sa collègue et a lancé une pétition contre la légalisation.

Quant à la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, elle a exprimé plusieurs fois sa grande réserve sur le sujet, estimant que "cette réalité risque d'être banalisée sans que l'on en ait mesuré toutes les conséquences".

Les plus grands spécialistes de la reproduction sont eux aussi divisés. René Frydman, qui a mis au monde le premier bébé-éprouvette français, est contre, estimant qu'"on ne peut pas mettre le petit doigt dans ce qui est l'exploitation des femmes pour d'autres, parée de toutes les vertus de la générosité".