Mediator : peut-être 2.000 victimes

Des médecins avaient prévenu de la dangerosité du Mediator dès 1998.
Des médecins avaient prévenu de la dangerosité du Mediator dès 1998.
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avec AFP , modifié à
Des médecins auraient donné l'alerte dès 1998. Une réunion a été organisée samedi en urgence.

C'est suite aux nouvelles révélations publiées samedi dans Le Figaro, et dès vendredi soir sur lefigaro.fr, que Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, a décidé de convoquer en urgence une réunion autour du Mediator samedi après-midi. Etaient notamment été invités Catherine Hill, Mahmoud Zureik, et Agnès Fournier, trois médecins qui ont travaillé sur ce dossier sanitaire de plus en plus explosif.

Une alerte dès 1998

Ces trois spécialistes affirment que l'Agence du médicament connaissait les risques du Mediator dès 1998 en France. Or ce médicament, un antidiabétique à l'origine, aussi utilisé comme coupe-faim, n'a été interdit en France qu'en 2009.

Une lettre envoyée le 21 septembre 1998 à l'Agence française du médicament, notamment par un médecin conseil de la Caisse nationale de l'assurance maladie, confirme que la sonnette d'alarme avait bien été tirée. "Il nous semble utile d'alerter l'Agence du Médicament sur l'utilisation non contrôlée d'un produit de structure amphétaminique, dans un but anorexigène (coupe-faim) [...] Il est en effet assez paradoxal de constater que la prescription de Mediator est tout à fait libre tandis que celle des médicaments du groupe des amphétaminiques est strictement encadrée depuis mai 1995", peut-on lire dans ce document.

"Malgré cette alerte très forte, rien ne se passe. Pourtant, tous les anorexigènes (coupe-faim) feront l'objet d'une interdiction totale, au plus tard en l'an 2000. Tous. Sauf le Mediator", note Le Figaro dans son édition de samedi.

Encore plus de victimes ?

Autre élément à charge : le nombre de victimes. Le 16 novembre dernier, l'Afssaps avait reconnu, pour la première fois, qu'au moins 500 personnes étaient décédées après avoir pris du Mediator. Mais ce premier bilan reposait sur l'étude de l'épidémiologiste Catherine Hill, de l'Institut Gustave-Roussy à Villejuif, sur un temps assez court. D'où la possibilité qu'il soit largement revu à la hausse.

Deux des médecins reçus samedi au ministère de la Santé estiment que le Mediator aurait fait entre 1.000 et 2.000 morts au final. "Notre estimation est tout à fait concordante avec [celle de l'épidémiologiste Catherine Hill], qui conclut à 3.500 personnes hospitalisées pour valvulopathies et à 500 morts minimum", a confié Mahmoud Zureik, l'un des auteurs de l'étude au quotidien. "Toutes ces estimations globales sont basées sur une période de surveillance de mortalité de quatre ans après l'hospitalisation."

Un rapport attendu pour la mi-janvier

 

"Probablement, il aurait été préférable de fournir les deux estimations" le 16 novembre dernier, a reconnu le Directeur général de la Santé Didier Houssin, à l'issue de la réunion au ministère de la Santé. Le nouveau chiffre des décès attribuables au Mediator ne montre pas de divergences avec l'estimation retenue par les autorités d'au moins 500 morts, car il inclut "la mortalité à long terme", a estimé le ministère de la Santé.

 

Jusqu’à présent, le ministre Xavier Bertrand avait toujours renvoyé la discussion autour du Mediator au 15 janvier prochain, date à laquelle l'Inspection générale des affaires sociales doit rendre un rapport. "Je veux tout savoir et nous prendrons toutes les dispositions nécessaires", avait encore répété début décembre Xavier Bertrand.