Marseille : le plan du gouvernement

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Charles Carrasco avec Alain Acco et AFP , modifié à
205 policiers et gendarmes sont envoyés en renfort. Une "question d'intérêt national", dit Ayrault.

Marseille est devenue l'une des grandes priorités du gouvernement Ayrault. A l'issue d'une réunion interministérielle à Matignon consacrée à la sécurité dans la cité phocéenne, le Premier ministre, qui a fait plusieurs annonces concrètes, a assuré jeudi que "le destin de l'agglomération marseillaise" était "une question d'intérêt national".

"Sortir Marseille de ses difficultés est un impératif", a martelé le Premier ministre qui se rendra à Marseille lundi et mardi, se disant convaincu que l'agglomération avait "des atouts extraordinaires". Entouré d'une quinzaine de ministres, Jean-Marc Ayrault a appelé solennellement "tous les acteurs pour qu'ils entendent l'exigence qui monte de la part des concitoyens en matière de sécurité, d'emploi et de transports". Europe1.fr revient sur les principales annonces du gouvernement.

Des renforts de policiers et gendarmes. 205 policiers et gendarmes à Marseille vont être affectés dans la cité phocéenne. Dans le détail, selon les informations recueillies par Europe 1, 120 policiers vont être déployés en sécurité publique pour être plus présents sur la voie publique, 25 policiers pour le SRPJ afin de "développer l’action de la police judiciaire dans le contexte local en l’orientant vers la répression des trafics de quartier". Cinq policiers travailleront spécialement sur l’économie souterraine, une quinzaine pour renforcer les effectifs du Service départemental d’information générale (SDIG), qui sera "réorienté vers le recueil du renseignement opérationnel dans les cités sensibles".

Une nouvelle ZSP. Jean-Marc Ayrault a également entériné la création d'une nouvelle Zone de sécurité prioritaire (ZSP) pour les quartiers du sud de Marseille alors que le plan dévoilé par le ministre de l'Intérieur ne prévoyait qu'un classement des quartiers nord. Elle "sera mise en place autour des cités (HLM) Air bel, La Soude et de la Cayolle", des quartiers réputés difficiles, a annoncé le ministère de l'Intérieur.

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Lutter contre l'économie souterraine. Les douanes et les services fiscaux seront mobilisés pour "lutter contre certaines situations, y compris patrimoniales, qui montrent qu'à l'évidence certaines personnes ou familles vivent du trafic" de stupéfiants, a mis en garde Jean-Marc Ayrault. Le volet judiciaire est également musclé, avec "de nouvelles directives pénales" et "le renforcement des moyens de l'administration pénitentiaire", du parquet, mais aussi des éducateurs en milieu ouvert pour la délinquance des mineurs. La Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille, chargée de la lutte contre la criminalité organisée, sera aussi renforcée.

Une préfecture de police pour le département. Avec pour objectif de lutter contre la délinquance et "démanteler la criminalité organisée", le Premier ministre a plaidé pour la création d'une préfecture de police pour l'ensemble des Bouches-du-Rhône. Il y aura "un groupement d'intervention régional spécifique pour Marseille" et "aussi une préfecture de police de plein exercice pour l'ensemble du département des Bouches-du-Rhône", a indiqué le Premier ministre. Le chef du gouvernement a vanté "une approche globale nouvelle où les services de la police nationale et de la gendarmerie (...), les services fiscaux, les services des douanes, mais aussi les services du ministère de la justice vont travailler ensemble pour changer la donne".

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Des nominations en vue. Des hauts fonctionnaires devraient être nommés "dans les prochains jours, dans les prochaines semaines" à Marseille. Toutefois, le Premier ministre s'est bien gardé de trancher sur le sort de du préfet délégué à la sécurité de Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), Alain Gardère, un proche de Nicolas Sarkozy, installé par l'ex-ministre Claude Guéant. "Avec le ministre de l'Intérieur (Manuel Valls) et la garde des Sceaux (Christiane Taubira), nous examinons la situation de chaque nomination", a précisé le Premier ministre. "Il faut mettre les meilleures personnes là où il faut, il y aura sûrement des nominations: le préfet à l'égalité des chances, le poste n'est pas pourvu, il le sera..." a ajouté Jean-Marc Ayrault.

Pour améliorer la coordination des forces de sécurité sur le terrain, un poste de préfet de police de plein exercice sera créé.

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Créer une "métropole européenne". Le gouvernement entend faire de Marseille une grande métropole européenne avec une seule agglomération regroupant plusieurs pôles. "La France a besoin que Marseille devienne une grande métropole européenne et le gouvernement entend affirmer cette ambition pour toute l'agglomération de Marseille pour œuvrer à la réalisation de cette ambition", a expliqué le Premier ministre.

"C'est pourquoi nous ferons en sorte que l'agglomération marseillaise, 1,8 million habitants, qui est aujourd'hui organisée en six structures : Marseille-Provence-Méditerranée (la communauté urbaine de Marseille, ndlr) mais aussi les communautés d'agglomération d'Aubagne, d'Aix, de Martigues, de Salon Etang-de-Berre, et le SAN Ouest-Provence-Istres, cheminent vers la solution de la métropole", a-t-il précisé.

Renforcer la scolarisation des moins de 3 ans. Matignon veut faire passer la pré-scolarisation des enfants de moins de trois ans de 15% aujourd'hui à 30% d'ici à cinq ans dans les zones prioritaires marseillaises, selon le relevé de conclusions rendu public à l'issue du comité interministériel. Le gouvernement se fixe également pour objectif que 50% d'élèves de quartiers prioritaires bénéficient d'un accompagnement éducatif (un soutien en dehors des horaires d'enseignement) en école et collège, contre 35% aujourd'hui.

Dans l'enseignement supérieur, le gouvernement envisage de faire en sorte que l'université d'Aix-Marseille, devienne la "première université française par ses effectifs" et atteigne "le top 100 des classements internationaux".

7 millions d'euros supplémentaires. Cet argent sera mis à disposition de Marseille par l'Etat en 2013 pour ses quartiers sensibles, selon le relevé de conclusions. La dotation de solidarité urbaine (DSU) devrait être portée à 58,7 millions d'euros contre 51,6 millions en 2012, selon ce document. "Ces fonds iront prioritairement (aux) quartiers 'Politique de la Ville'", a précisé le ministre de la Ville, François Lamy.