Marseille, la tentation des milices

Face à l’insécurité grandissante et au manque de policiers, certains habitants des quartiers sensibles songent à organiser leur défense.
Face à l’insécurité grandissante et au manque de policiers, certains habitants des quartiers sensibles songent à organiser leur défense. © MAXPPP
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avec Nathalie Chevance
Excédés par l’insécurité, certains habitants veulent pallier le manque d’effectif policier.

La mort de Maryse, 74 ans, décédée après un vol à l’arraché perpétré par deux jeunes en scooter, pourrait être celle de trop. Il ya trois mois, c’est un jeune de 16 ans qui succombait, abattu dans une affaire de drogue, alors qu’un enfant de 11 ans avait été sérieusement blessé. Face à cette violence, certains habitants sont tentés d’organiser eux-mêmes leur défense.

 

"Ils sont en train de s’armer"

 

Et les récentes initiatives, comme les renforts de police, les incitations au témoignage sous X, n’ont pas changé les chiffres, qui restent édifiant. Pas moins de 26 personnes sont en effet agressées chaque jour dans la cité phocéenne. La tentation des milices inquiète jusqu’à la sénatrice socialiste élue des quartiers Nord, Samia Ghali, qui a même alerté le préfet.

 

"Ils sont en train de s’armer, en se disant ‘maintenant, on a l’arme à la maison et on va s’organiser pour faire le gardiennage chez nous’", assure l’élue au micro d’Europe 1. "J’ai écrit une lettre au préfet en lui disant que je craignais que des gens s’organisent en milice. Parce que se faire cambrioler sept fois, se faire agresser plusieurs fois, à un moment ça suffit, les gens en ont ras-le-bol et ils se disent : ‘on n’est pas écoutés, on n’a pas de police, donc il faut qu’on se défende tout seuls’".

 

"On pleure nos morts"

 

La tentation de faire justice soi-même, Kevin, le petit-fils de Maryse, ne cautionne pas, mais il comprend. "Effectivement, il pourrait y avoir une milice. Les civils vont faire justice eux-mêmes. On en a marre. Nous, on pleure nos morts. C’est trop", affirme le jeune homme. "On ne peut pas sortir sans faire attention… C’est pas possible, c’est pas une vie. Il faut que les gens se révoltent, pour que les jeunes comprennent. Ils font des bêtises, ils sont relâchés, ils recommencent encore et encore. C’est toujours la même chose."

 

Pour le moment, l’appel à témoins pour retrouver les agresseurs de Maryse n’a rien donné. Et à l’arrêt de bus de la cité Bourrely, où l’attaque a eu lieu, quelques grands-mères cachent dans leurs poches des bombes lacrymogènes.