Ligonnès introuvable depuis deux mois

© MAXPPP
  • Copié
Fabienne Cosnay , modifié à
Soupçonné du quintuple meurtre de Nantes, il n'a plus donné signe de vie depuis le 15 avril.

Sa photo a été diffusée dans 188 pays, via Interpol. Des centaines de témoignages ont été vérifiés, des battues ont même été organisées à Roquebrune-sur-Argens, là où il a été vu pour la dernière fois. Sans résultat. Xavier de Ligonnès, soupçonné d’avoir tué son épouse et ses quatre enfants, est introuvable depuis le 15 avril. Le suspect numéro un du meurtre de Nantes est-il toujours en cavale ou s’est-il suicidé ? Selon le JDD, qui cite une source judiciaire, l’hypothèse du suicide semble "de plus en plus vraisemblable" aujourd’hui.

Une découverte macabre, des médias fascinés

Le fait divers de Nantes commence le 20 avril, avec l’ouverture d’une enquête pour disparition inquiétante d’une famille, dont on est sans nouvelles depuis le 4 avril. Rien d’affolant au départ. Les médias relaient l’information, a minima (lire le premier flash publié sur Europe1.fr)

Dans la maison en pierre grise située sur le boulevard Schumann à Nantes, la police ne trouve aucune trace de Xavier de Ligonnès, le père, d’Agnès, sa femme et de leurs quatre enfants, Arthur, Thomas, Anne et Benoit, âgés de 13 à 20 ans. Tous les volets de la maison sont fermés, les placards vidés, les draps des lits enlevés.

Dès le lendemain, les découvertes macabres se succèdent. L’affaire de Nantes fait désormais la une des journaux. Sous la terrasse, dans le jardin de la maison où vivait la famille, les enquêteurs retrouvent une jambe, les cadavres des deux labradors appartenant au couple, puis un corps, puis deux, puis trois, puis quatre. Les sites Internet suivent en direct la découverte des corps. Les cadavres d’Agnès et de ses trois enfants ont été enterrés dans des sacs de jute et avec de la chaux vive. Dans un premier temps, l’autopsie révèlera qu’ils ont été assassinés pendant leur sommeil de plusieurs balles de 22 Long Rifle chacun, entre le 4 et 5 avril. L’enquête établira ensuite que les quatre enfants ont été drogués avant d’être exécutés. La mère, elle, aurait seulement pris un "médicament à dose thérapeutique", sans lien établi avec sa mort.

Une traque sans résultat

Devenu suspect numéro un dans ce quintuple meurtre, Xavier de Ligonnès est d’abord recherché en tant que témoin dans le cadre d’une information judiciaire "contre X" ouverte pour assassinats. Depuis le 26 avril, le père de famille fait l'objet d'un mandat d'arrêt international, par diffusion Interpol. Son visage est désormais connu de la France entière, les médias, français comme étrangers, s'étant passionnés pour ce fait divers hors-normes. Sur le Net, le passé de Xavier de Ligonnès a également été passé au crible par les internautes. Radios, télés et journaux se sont livrés une guerre des scoops.

Xavier Dupont de Ligonnès a laissé ses dernières traces dans le Var, à Roquebrune-sur-Argens, le 15 avril. Depuis deux mois, les enquêteurs tentent de reconstituer son emploi du temps des dernières semaines précédant la disparition de la famille. Une partie de son itinéraire est désormais établie. Dans la nuit du 12 au 13 avril, Xavier Dupont de Ligonnès a séjourné dans une auberge de luxe du Vaucluse. Sa trace se perd ensuite à Roquebrune-sur-Argens. Après avoir retiré, le 14 avril, 30 € à un distributeur automatique, on sait que l’homme a passé la nuit du 14 au 15 avril dans un hôtel Formule 1, puis a quitté l'établissement et abandonnée sa Citroën C5, retrouvée par la police le 15 avril. Mais les investigations menées depuis à Roquebrune-sur-Argens et dans la forêt de Palayson, n’ont pas apporté de nouveaux éléments aux enquêteurs.

Une ancienne "maîtresse" et des dettes

Au fil de l’enquête, c’est le scénario d’un meurtre prémédité qui prédomine. Le témoignage et les documents apportés à la police par une femme se présentant comme l’ancienne maîtresse de Xavier Dupont de Ligonnès, ont été déterminants pour établir son profil. Un emploi fantôme, une maîtresse qu’il faisait chanter, des dettes importantes. Le père de famille nantais menait une double vie. Le mobile lié à des dettes paraît plausible.

Dans un mail envoyé à sa maîtresse en janvier 2010, Xavier de Ligonnès évoque sans détour ses soucis financiers et une possible fin tragique pour lui et sa famille. "Je n'en dors plus, je fais des insomnies presque chaque nuit avec des idées morbides, foutre le feu à la maison après avoir donné un somnifère à chacun, me foutre dans un camion pour qu'Agnès touche 600.000 euros ", écrit-t-il. "Je ne veux plus de cette vie de famille avec Agnès que je n'aime pas. De toute façon, ma vie actuelle se terminera dans les quelques mois à venir si je ne trouve pas 25.000 euros immédiatement". Et le père de famille d’énumérer dans le détail ses dettes : "J'ai 4 mois de loyers impayés, je n'ai pas pu payer l'école d'Arthur, ma voiture est tombée en panne, j'ai été obligé de demander à maman de quoi acheter des cadeaux de Noël aux enfants (et je dois la rembourser), je n'ai pas pu payer mes cotisations Urssaf et Assedic"( …) "Je suis ruiné, au fond du trou, comme jamais je ne l'ai été".