Le sulfureux général Aussaresses est mort à 95 ans

Le général Aussaresses avait avoué avoir pratiqué des exécutions sommaires pendant la guerre d'Algérie.
Le général Aussaresses avait avoué avoir pratiqué des exécutions sommaires pendant la guerre d'Algérie.
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avec AFP
DÉCÈS - Le militaire avait avoué avoir pratiqué des exécutions sommaires pendant la guerre d'Algérie.

L'info. Il disait avoir "des regrets mais pas de remords" à propos de la guerre d'Algérie. Le général Paul Aussaresses est mort à l'âge de 95 ans, a annoncé mercredi l'association d'anciens parachutistes "Qui ose gagne". On ne sait pas exactement quand est décédé le militaire, mais l'association précise qu'il était "hospitalisé depuis quelque temps". Il sera inhumé mardi prochain. Le général Aussaresses avait clairement assumé son comportement de tortionnaire durant la guerre d'Algérie dans un livre de confessions en 2001. Il avait été condamné en 2004 pour apologie de la torture et exclu de l'ordre de la Légion d'honneur.

Sa carrière. Né en novembre 1918, Paul Aussaresses commence sa carrière militaire à 23 ans. Il se porte alors volontaire pour les services secrets en France avant de rejoindre les Jedburghs, ces commandos britanniques de trois hommes parachutés derrière les lignes allemandes pour des actes de sabotage. Juste après la guerre, alors lieutenant, il participe à la création du 11e Choc, le bras armé du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE, la future DGSE). En tant que chef de bataillon (commandant) parachutiste, il sert ensuite en Indochine.

La guerre d'Algérie. En 1957, le général Jacques Massu lui demande de rétablir l'ordre à Alger. Paul Aussaresses se retrouve alors à la tête de ce qu'il appelle lui-même "un escadron de la mort" - une unité chargée de procéder à des arrestations nocturnes, suivies de tortures, avec élimination de certaines personnes arrêtées.

La torture et les exécutions. En mai 2001, il avait admis dans son livre Service spéciaux, Algérie 1955-1957, avoir pratiqué la torture, "tolérée, sinon recommandée" selon lui par les politiques. A ses yeux, elle "devient légitime quand l'urgence s'impose". "Est-ce que la torture "m'a posé des problèmes ? Je dois dire que non. Je m'étais habitué à tout cela", assurait-il. "Il était rare que les prisonniers interrogés la nuit se trouvent encore vivants au petit matin. Qu'ils aient parlé ou pas, ils étaient généralement neutralisés", précisait celui qui posait pour les photos avec un pansement sur l'oeil gauche.

Au JT de 20H de France 2, le général Aussaresses confiait avoir "été dans des conditions où j'ai eu recours à des actes que je n'aimais pas mais que j'ai dû remplir". "J'ai des regrets mais je n'ai pas de remords", affirmait-il :

Le général Aussaresses a toujours affirmé que ses actes avaient été commis avec l'aval de sa hiérarchie et de l'autorité politique. Le président Jacques Chirac, qui avait été lieutenant en Algérie, s'était dit "horrifié" par ses déclarations publiques.

La condamnation. Définitivement condamné en 2004 pour apologie de la torture, le général Aussaresses avait été mis d'office à la retraite, exclu de la Légion d'honneur par Jacques Chirac et privé du droit d'en porter les insignes. "Je ne voudrais pas que les hypocrites qui m'ont enlevé la Légion d'honneur, distinction que, moi, j'ai acquise au combat, puissent continuer à nier l'histoire de France", disait-il, désabusé, dans son dernier livre, Je n'ai pas tout dit, publié en 2008.