"Le roi de la belle" jugé en appel

C'est le dernier procès d'Antonio Ferrara devant une cour d'Assises. Le "roi de la belle" doit être jugé mercredi pour le braquage d'un bureau de Poste qui remonte à 1999.
C'est le dernier procès d'Antonio Ferrara devant une cour d'Assises. Le "roi de la belle" doit être jugé mercredi pour le braquage d'un bureau de Poste qui remonte à 1999.
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avec Guillaume Biet , modifié à
Antonio Ferrara est jugé aux assises pour un braquage remontant à 1999.

C'est encore sous haute surveillance policière que se déroule son dernier procès. Mercredi matin, Antonio Ferrara, ainsi qu'un complice présumé, Issa Traoré, est rejugé depuis mercredi en appel devant la cour d'Assises de Paris pour l'attaque d'un bureau de Poste, il y a treize ans.

C'était le 28 juillet 1999, à Joinville-le-Pont, dans le Val-de-Marne, près de Paris. Au petit matin, deux hommes armés avaient fait irruption dans un bureau de Poste, obligeant la vingtaine d'employés présents à s'allonger à terre. Ils s'étaient emparés du contenu d'un premier coffre-fort, soit 40.000 francs, l'équivalent de 6.000 euros. Mais, malgré l'utilisation d'explosif, ils n'étaient pas parvenus à ouvrir un deuxième coffre. Alertés par un facteur, les policiers étaient arrivés sur les lieux quand les deux malfaiteurs étaient sortis de l'agence, emmenant avec eux, pour protéger leur fuite, deux employés qu'ils avaient abandonnés rapidement.

50 ans de prison

L'un des deux hommes avait alors pris en otage un automobiliste, déclenchant une course-poursuite, ponctuée d'échanges de coups de feu, avec les policiers sur l'autoroute A4 en direction de Paris. Bloqué par la circulation porte de Bercy, le malfaiteur avait quitté la voiture, traversé la chaussée et pris en otage un deuxième automobiliste pour s'enfuir en sens inverse. Il avait abandonné ce dernier avec sa voiture à Choisy-le-Roi, dans le Val-de-Marne.  De son côté, le second braqueur avait agressé une automobiliste pour lui dérober sa voiture mais avait finalement pris la fuite à pied après s'être retrouvé coincé dans la circulation.

Issa Traoré avait été arrêté le jour même sur un quai de la station de RER Joinville-le-Pont, à la suite d'un signalement établi par plusieurs témoins. Il avait été libéré sous contrôle judiciaire en février 2001, pour des raisons de procédure. Quant à Antonio Ferrara, arrêté en juillet 2002 à l'issue d'une première "belle" de quatre ans, il a été mis en cause en raison de son empreinte génétique sur un casque retrouvé dans une des voitures ayant servi pour la fuite. Il a également été reconnu par deux policiers impliqués dans la fusillade.

"Pour l'honneur"

En dépit de ses dénégations, Issa Traoré a été reconnu coupable de vol avec arme et de séquestration. Antonio Ferrara, lui, a été condamné pour vol avec arme, séquestrations, prises d'otages, et trois des quatre tentatives d'homicides volontaires sur policiers dont il était accusé. Mais il assure être innocent et espère un dernier acquittement "pour l'honneur". Et pour cause, selon les informations d'Europe 1, condamné ou non, Antonio Ferrara ne sera de toute façon pas libérable avant 2035. Le verdict est attendu le 16 mai.

"Le roi de la belle"

Antonio Ferrara  est l'un des hommes les plus condamnés de France. Malgré deux acquittements pour des attaques de fourgons blindés, il a déjà écopé d'une cinquantaine d'années de prison. Un parcours hors normes pour ce fils d'immigré italien, braqueur et connu du grand public pour ses évasions spectaculaires qui lui vaudront le surnom de "roi de la belle". La dernière date de 2003. Il s'était évadé de la prison de Fresnes avec l'aide d'un commando de malfaiteurs lourdement armés. Un coup d'éclat pour lequel il sera placé à l'isolement complet, sans voir la lumière du jour pendant plus de cinq ans.