Le racisme "anti-blanc" devant les juges

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avec Chloé Triomphe , modifié à
Un homme est jugé vendredi à Paris pour une agression accompagnée d'insultes racistes.

LE CONTEXTE. C'est un procès inhabituel, dérangeant pour certains, qui se tient vendredi devant la treizième chambre du tribunal correctionnel de Paris. Celui d'une agression raciste commise en septembre 2010 qui, ne vise pas, comme  souvent, une personne issue d'une minorité, mais un homme insulté de "sale blanc". La justice a décidé de poursuivre le seul  agresseur identifié avec la circonstance aggravante d'insultes racistes. L'audience, qui devait avoir lieu en octobre dernier, avait été renvoyée car le contexte était trop tendu, un mois après la polémique lancée par l'affaire des "pains au chocolats" de Jean François Copé. Le jugement devrait être mis en délibéré.

Une cigarette refusée.  Les faits se sont déroulés dans le métro parisien, tôt le matin, à la station gare du Nord. Un homme refuse de donner une cigarette que lui demandent deux jeunes. La situation dégénère et les agresseurs commencent par insulter le récalcitrant de "sale blanc, sale Français", avant de le frapper à coups de tessons de bouteille. La victime est sérieusement blessée au cours de cette scène de violence qui pourrait sembler banale. Mais pour la justice, il s'agit bien là d'une agression raciste.

La LICRA soutient la victime. Le concept de "racisme anti-blanc" fait polémique. Mais, pour la première fois dans ce type d'affaire, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) a décidé de se positionner aux côtés de la victime. "'Sale blanc, sale Français', c'est quelque chose qui n'est pas acceptable dans la société française", explique au micro d'Europe 1 le président de la LICRA, Alain Jacubowicz. " Je crois qu'il est naturel qu'une association antiraciste soit aux côtés des victimes d'actes de racisme", poursuit-il. L'avocat souligne cependant que "fort heureusement", "lorsque l'on est blanc et français, on n'est pas discriminé en France".  "Pour autant on ne peut pas ignorer ces faits qui, malheureusement, sont de plus en nombreux", précise-t-il enfin.

Un phénomène peu étudié.  Si le racisme "anti-blanc" existe bien, le phénomène reste cependant encore peu étudié par les chercheurs. Le sujet est sensible et souvent récupéré par la classe politique. Ainsi, à l'automne dernier, Jean-François Copé avait été accusé de flirter avec les thèses du Front National en évoquant cette notion. "Un racisme anti-blanc se développe dans les quartiers de nos villes où des individus - dont certains ont la nationalité française - méprisent des Français qualifiés de ‘gaulois’ au prétexte qu'ils n'ont pas la même religion, la même couleur de peau ou les mêmes origines qu'eux", avait-il alors déclaré. Il suscite d'ailleurs un malaise au sein même des associations de lutte contre le racisme.