Le père de Merah porte plainte

Ses avocates Me Mokhtari et Me Coutant-Peyre ont déposé plainte lundi.
Ses avocates Me Mokhtari et Me Coutant-Peyre ont déposé plainte lundi. © Max PPP
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Charles Carrasco avec Reuters , modifié à
Le père du tueur de Toulouse et Montauban estime que son fils a été tué volontairement.
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Il attend une réponse des autorités françaises. Le père de Mohamed Merah, l'homme qui a tué froidement sept personnes en mars à Toulouse et Montauban, a déposé plainte à Paris pour "meurtre avec une circonstance aggravante".

"Cette plainte a été déposée contre 'X' formellement et vise ceux qui ont donné les ordres, notamment le chef de la police nationale (Frédéric Péchenard à l'époque des faits, NDLR)", a détaillé Me Isabelle Coutant-Peyre. "Vous avez 300 ou 400 personnes surarmées et un type tout seul enfermé dans son appartement. Rien que ça suffit pour se poser des questions", a-t-elle insisté.

Sa collègue algérienne, Me Zahia Mokhtari, qui avait anoncé cette procédure il y a plusieurs semaines, a assuré que le père du jeune homme estimait que son fils avait été volontairement exécuté.

La préméditation

La plainte devra désormais être traitée par le parquet. S'il la classe sans suite, un juge d'instruction pourra être saisi. La "circonstance aggravante", évoquée dans la plainte, peut être soit la préméditation soit le fait que le crime a été commis en "bande organisée", a précisé Me Coutant-Peyre.

Lors de précédentes déclarations en Algérie, Me Mokhtari avait affirmé disposer de preuves, notamment des enregistrements vidéo de l'assaut. Il s'agirait, selon Me Coutant-Peyre, d'images tournées par un téléphone portable qu'aurait eu en sa possession Mohamed Merah, et avec lequel il aurait communiqué par Internet.          

Il avait ouvert le feu sur les policiers

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Lors de l'assaut du Raid, Mohamed Merah avait été criblé de balles alors que les policiers de l'unité d'élite, après une nuit de siège, tentaient de pénétrer dans son logement pour l'arrêter. Les autorités s'étaient justifiées en expliquant que les policiers avaient été contraints de riposter alors que l'homme ouvrait le feu sur eux avec plusieurs armes.

Son frère, Abdelkader, avait été ensuite mis en examen et écroué. L'enquête, aux mains de trois juges antiterroristes, se poursuit actuellement pour déterminer dans quelles circonstances Mohamed Merah est passé à l'action.       

La déclassification de documents     

Plus récemment, les magistrats ont demandé la déclassification de plusieurs documents au gouvernement.  Le nouveau ministre de l'Intérieur, Manuel Valls a demandé à la Direction de la police et à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) de lui fournir une étude sur l'affaire, car il est apparu que Mohamed Merah était connu des services avant de passer à l'acte.

Déjà condamné à quinze reprises pendant sa minorité, notamment pour des faits de violence, Mohamed Merah s'était rendu deux fois dans la zone pakistano-afghane en 2010 et 2011.  Il s'y est toutefois rendu par ses propres moyens et sans qu'un contact avec des islamistes locaux ait été avéré. La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) l'avait auditionné sans toutefois l'inquiéter.