C'est le procès d'un "roi de l'imposture" qui s'est tenu vendredi devant le tribunal correctionnel de Limoges. Le tribunal l'a finalement condamné pour "escroquerie", à deux ans de prison dont un avec sursis 5.000 euros de dommages et intérêts.
A l'automne dernier, lors de son entretien d'embauche pour le poste très alléchant de directeur de l'aéroport de Limoges, Jean-Philippe Gaillard avait sorti le grand jeu. Son CV avait ébloui le président de la Chambre de commerce et de l'industrie (CCI) de la Haute-Vienne : un diplôme d'ingénieur de l'aviation civile, un brevet de pilote de chasse et un casier judiciaire vierge… faisant abstraction de six condamnations pour escroqueries et usage de faux. En tout, ce ne sont pas moins de onze justificatifs falsifiés que présente ce prétendu héros de la première guerre du Golfe et de l'ex-Yougoslavie. Son profil fait mouche et le président l'embauche.
"Un mythomane qui crée des illusions"
Aujourd'hui changement de ton, comme en témoigne Me Martial Dauriac, avocat de la CCI au micro d'Europe 1: " c'est un mythomane qui crée des illusions à tout le monde y compris à lui-même". Pour l'avocat, Jean-Philippe Gaillard ne peut pas se retenir un autre visage que le sien et estime que l'imposteur est dangereux. "on est passé près d'un précipice, parce qu'un homme comme ça peut faire des bêtises énormes"." Je pense qu'il ne s'arrêtera pas aussi facilement" affirme Me Dauriac, pour qui la seule solution serait, "peut-être", une obligation de se soigner.
Possible appel
Jean-Philippe Gaillard a finalement été dénoncé par une ex-petite amie en février 2012. Depuis, l'imposteur de Limoges a perdu de sa superbe et s’était muré dans un silence absolu. Vendredi, l'homme a très peu parlé, évoquant seulement pendant quelques minutes un "échec retentissant", au début des années 1990. Il n'a pas réussi une formation aéronautique, ce qui a conditionné ensuite beaucoup de ses "subterfuges".
Le procureur de la République de Limoges avait requis quatre ans de prison dont un avec sursis et un mandat de dépôt à l'audience. "C'est un loser dont je suis fatigué d'entendre qu'il est brillant" a déclaré le magistrat. Une décision motivée par la crainte d'une fuite de celui qu'il a décrit comme "un escroc de base", "une victime permanente", un "menteur professionnel", qui a voulu assouvir un "caprice de gamin".
"Le tribunal a tenu compte dans cette affaire de l'absence de préjudice", a estimé son avocate, indiquant qu'elle et son client se laissaient le temps de réfléchir sur l'opportunité d'un appel. Jean-Philippe Gaillard, qui comparaissait libre, n'a pas fait l'objet d'un mandat de dépôt et a pu quitter librement le tribunal.