La trêve hivernale, c’est fini

L'an dernier  près de 106.000 explusions ont été ordonnées par la justice
L'an dernier près de 106.000 explusions ont été ordonnées par la justice © MAXPPP
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avec Walid Berrissoul , modifié à
Les expulsions, dont le nombre avait atteint un record l’an dernier, peuvent reprendre dès mercredi.

Leur nombre n’a jamais été aussi important. Alors qu’elles n’étaient que 80.000 il y a dix ans, près de 106.788 décisions de justice ordonnant une expulsion ont été prononcées en 2009. Avec la fin de la trêve hivernale mardi, les procédures vont reprendre mercredi. Exécutée par des huissiers accompagnés de policiers, une expulsion sur 10 se fait "manu militari"...

Pour faire face à ce phénomène en pleine explosion, la fondation Abbé Pierre a mis en place une plate-forme téléphonique baptisée "allô expulsions". Chaque après-midi, deux bénévoles orientent et conseillent des personnes qui risquent l'expulsion. Et, avec la fin de la trêve hivernale, les appels sont incessants.

"Ils m’ont donné un délai d’un an pour partir, je ne sais plus quoi faire", soupire une femme au téléphone. "Est-ce qu’entre-temps vous avez continué à payer votre loyer ?", lui demande le bénévole. " Tant que vous n’êtes pas passée devant le juge, il ne peut pas vous mettre dehors. Ça ne se passe pas comme ça", tente-t-il de la rassurer.

Des plus en plus de retraités

Précaires qui ne peuvent plus payer leur loyer à la suite à un licenciement, personnes divorcées, malades : ceux qui appellent "allô expulsions" ont des profils très différents. Parfois même, surprenant explique Marie Rothan, responsable de cette plateforme, interrogée par Europe 1.

"Les bénévoles nous disent aussi voir arriver de plus en plus de retraités", précise-t-elle. " Ils n’anticipent pas forcément, ils ne savent pas forcément avec quelles ressources ils vont pouvoir vivre".

C’est le cas de Marie-Thérèse. Ce professeur à la retraite est locataire depuis 30 ans d’un appartement en plein centre de Paris. Aujourd’hui, le prix du mètre carré avoisine les 9.500 euros Son propriétaire veut donc le reprendre pour le louer au prix du marché. Marie-Thérèse doit partir mais n'arrive pas à se reloger.

"On m’a proposé un lit d’amis" :

Cependant, des recours existent. Le propriétaire ne peut décider arbitrairement d'une expulsion. Seule la justice peut l’ordonner. Et là encore, il est possible de faire appel. Enfin, de nombreux collectifs ont vu le jour un peu partout en France pour soutenir les personnes menacées d’expulsion. Il y a deux ans, une vingtaine de retraités menacés ont ainsi obtenu de rester dans leur logement.