L'aéroport de Nantes, dossier à réactions

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Le PS semble vouloir mettre un terme au conflit qui oppose collectivités et agriculteurs.

François Hollande a-t-il voulu déminer l'épineux dossier de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ? 40 ans après le lancement de ce projet très polémique de construction de l’aéroport du grand-ouest, le PS semble vouloir mettre fin au conflit.

Après de longues négociations, un accord a été signé mardi entre la fédération du Parti socialiste de Nantes, les représentants des collectivités locales et les paysans qui protestaient contre les expropriations. Ces derniers ont accepté de mettre un terme à leur grève de la faim qu'ils avaient entamé 28 jours auparavant. Europe1.fr revient sur les enjeux du projet vieux de plusieurs décennies.

Quelle est la visée de ce projet ? Le projet, pensé dans les années 70, a été élaboré au début des années 2000 et doit être construit d'ici à 2017. L'objectif de ce grand chantier est de créer une plateforme aéroportuaire commune à tout l'ouest de la France. L'aéroport du grand-ouest (AGO), également appelé aéroport de Notre-Dame-des-Landes, serait situé à 30 km de Nantes, sur une zone rurale faiblement peuplée (1.7000 habitants).

Selon Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes, député socialiste de Loire-Atlantique et grand défenseur du projet, cet AGO permettrait "de densifier des installations aéroportuaires éparpillées" et constituerait également un atout pour les vols transatlantiques.

Pourquoi les agriculteurs s'opposent au projet ?Deux principales inquiétudes sont mises en avant par les grévistes. Celle d'un préjudice écologique et agricole de Loire-Atlantique. Tout d'abord, dès 1970, dans l'attente de la concrétisation du projet aéroportuaire, les terrains ont été loués à des fins agricoles, rappelle L'Express. Notre-Dame-des-Landes constitue en effet l'un des rares "poumons verts" de l'agglomération nantaise. Les opposants dénoncent également une ruine à venir des finances locales et une hausse des impôts locaux.

Les grévistes anti-aéroports ont obtenu l'assurance qu'aucune expulsion d'agriculteurs et d'habitants, implantés dans la zone de DUP, n'interviendrait dans les deux ans à venir. Le temps nécessaire pour que les démarches judiciaires engagées contre ce projet se désamorcent.

Quels recours judiciaires ont engagés les opposants ? Plusieurs recours ont été déposés. L'un contre la concession accordée pour les travaux au groupe Vinci. Selon les détracteurs du projet, il s'agit "d'un cadeau fait au privé" au détriment d'autres domaines à la charge des collectivités locales. L'autre recours s'oppose aux expropriations des agriculteurs et des habitants, indique Le Monde. Enfin, une question prioritaire de constitutionnalité devrait être examinée le 15 juin par le Conseil constitutionnel.

Que répondent les socialistes ? Longtemps opposé à toute négociation, le maire socialiste, Jean-Marc Ayrault, semble prêt à lâcher du lest sur certains points. Il a donc accepté mardi de suspendre les travaux de cet aéroport. Jean-Marc Ayrault, favori pour devenir le Premier ministre de François Hollande, a donc écouté les recommandations du nouveau président de la République.

Le 3 mai dernier, ce dernier a déploré que cet aéroport soit devenu "un sujet de fixation", rappelle Le Monde. François Hollande a donc incité les défenseurs du projet à "ouvrir une discussion et une concertation". Dans une interview à Ouest-France quelques jours plus tôt, il avait estimé que les travaux ne pouvaient pas commencer avant que la justice ne se soit prononcée.

Combien cet aéroport va coûter ? La facture totale pourrait s'élever à 581 millions d'euros auxquels il faudra ajouter les coûts liés aux infrastructures routières et ferroviaires nécessaires à la continuité du trafic, rapporte L'Express. Les détracteurs du projet font état de leur côté d'un coût bien plus élevé : près de 2 milliards d'euros. Un coût de construction bien trop élevé par rapport aux bénéfices qui doivent être dégagés.

Le groupe Vinci, qui s'est vu attribuer la construction de l'aéroport, devrait prendre en charge la moitié du coût total de la concession. L'Etat de son côté devrait investir 150 millions d'euros. Le reste serait du ressort des collectivités locales.