Kerviel accablé par un ancien collègue

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Fabienne Cosnay (avec agences) , modifié à
"Il a mis la banque en danger" a-t-il martelé, insistant sur "les limites à respecter du trader".

Quelles étaient exactement les fonctions assignées à Jérôme Kerviel et à ses collègues ? C’est à cette question qu’a tenté de répondre le tribunal, jeudi, au troisième jour du procès de l’ancien trader.

Entendu comme témoin, Selim Nemouchi a contesté les affirmations du prévenu, dont la principale ligne de défense est d’affirmer que ses pratiques étaient courantes à la Société générale. "En tant que trader, on a tous des objectifs et des limites à respecter. Il (Jérôme Kerviel) a mis la banque en danger, je suis assez déçu par son comportement", a, qui était, à l’époque, un ami du prévenu.

"Je vais me faire virer"

Pour Selim Nemouchi, les prises de position à risque prises par Jérôme Kerviel à partir de 2007 étaient "débiles". Le témoin a raconté ses derniers échanges avec l'ancien trader. Ils ont bu un verre le soir du 18 janvier 2008 et le 19, un samedi, il recevait un SMS de Jérôme Kerviel disant : "Je vais me faire virer. Content de t'avoir connu". Ils ont eu ensuite quelques échanges, par téléphone et SMS, jusqu'au début de la semaine suivante, puis plus rien, a-t-il expliqué ajoutant encore une fois ne pas avoir été au courant des "pratiques de trading" de Jerôme Kerviel.

Kerviel recadré par le président

"Je suis très surpris", a rétorqué Jérôme Kerviel, glissant dans sa réponse un "c'est évident" un rien arrogant qui a agacé le président. "Mettez-vous dans le crâne que rien n'est évident dans ce dossier", lui a-t-il rappelé.

Unité "Delta 1"

Le tribunal a égalemment visionné un film et des photos de la salle de l'unité "Delta 1" où travaillait Jérôme Kerviel. La défense insistant sur le fait que ses supérieurs hiérarchiques et les sept autres traders de l'unité étaient assis à quelques mètres de lui, et ne pouvaient donc rien ignorer de ses agissements.

Les avocats de la Société générale, ont, eux, insisté sur le fait que les manoeuvres de Jérôme Kerviel pouvaient être dissimulées. Ils soulignent qu'il a lui-même reconnu avoir passé des ordres fictifs pour cacher ses agissements.

Jérôme Kerviel, 33 ans, est jugé, pour avoir fait perdre à la banque près de 5 milliards d’euros, après avoir pris à l'insu de sa hiérarchie des positions spéculatives exorbitantes, en déjouant tous les contrôles. Il encourt cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.