"Je me suis libérée sous ce niqab"

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avec Marc-Olivier Fogiel , modifié à
- La compagne de Liès Hebbadj parle pour la 1ère fois depuis "l'affaire du niqab".

Elle est "la femme au niqab" de Nantes, l'épouse de Liès Hebbadj. Six mois après l'affaire, Sandrine Moulères sort de son silence dans une interview diffusée jeudi matin sur Europe 1. Elle s'est confiée à Marc-Olivier Fogiel à l'occasion de la sortie de son livre : Les boucs émissaires de la République, aux éditions Michalon.

Tout démarre d'un contrôle de la circulation

Entièrement voilée, elle était restée anonyme jusqu'à ce qu'elle convoque la presse à Nantes le 23 avril dernier. Aux côtés de son conjoint, Liès Hebbadj, elle dénonce devant les médias un contrôle de la circulation qu'elle juge abusif. Trois semaines avant, elle s'était fait verbaliser par les gendarmes qui estimaient que son voile intégral l'empêchait de voir et de manœuvrer correctement. Une polémique sur le port du niqab s'en était suivie.

"On a vécu un acharnement médiatique (...) c'est pour cela que j'ai écrit mon livre", témoigne-t-elle, avant d'ajouter : "c'est aussi une thérapie pour moi contre toute cette pression, puisque depuis 6 mois ce fut assez difficile".

Le niqab, "un choix personnel"

Sandrine Moulères réaffirme aujourd'hui que pour elle, porter le niqab est "vraiment un choix personnel". "Je ne me suis pas enfermée sous ce niqab, je me suis libérée sous ce niqab et j’ai eu un sentiment de joie immense", confie la jeune femme à Marc-Olivier Fogiel. Sandrine assure ne pas se sentir obligée de porter ce voile qui la cache : "le niqab, il faut le porter pour Dieu et pour personne d’autre."

Ecoutez un extrait de l'interview :

A l'époque où Sandrine se fait verbaliser, la classe politique est en plein débat sur "l'identité nationale" et le port du voile intégral. Depuis, la loi qui en interdit le port a été adoptée et validée par le Conseil Constitutionnel. Sandrine Moulères se dit "choquée" par cette loi. "Autant il est grave de forcer une femme à porter le niqab, autant il est grave de forcer une femme à lui enlever à partir du moment où il s’agit d’un choix personnel", explique-t-elle.

Pour la jeune femme, cette loi est "un pas en arrière". "On renforce la peur, on renforce la haine au lieu de rapprocher les peuples", estime-t-elle.

"Une polygamie choisie et sincère" plutôt que "subie et hypocrite"

Interrogée sur le fait que son compagnon, Lies Hebbadj, vive avec deux autres femmes, Sandrine Moulères assume entièrement la situation. "Je préfère une polygamie choisie et sincère plutôt qu'une polygamie subie et hypocrite, puisque dans notre société malheureusement on voit beaucoup d'hommes tromper leur femme", répond elle.

Un homme peut avoir plusieurs compagnes, mais l'inverse est-il aussi valable ? "Non", estime-t-elle, une femme ne peut avoir qu'un seul compagne, alors que la polygamie "est dans la nature de l'homme". "C'est ce qu'on voit dans dans notre société", poursuit-elle, avant d'ajouter "c'est quand même rare de voir un homme fidèle à sa femme toute une vie, cela relève quand même du miracle".

Écoutez l'intégralité de l'interview Sandrine Moulères.