Gang des barbares : la relation polémique

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avec AFP , modifié à
Un an ferme a été requis contre l'ex-directeur de prison pour sa relation avec l'"appât" d'Halimi.

C'est une relation qui a duré plus d'un an et a fait couler beaucoup d'encre. Celle de l'ancien directeur de la prison de Versailles et d'Emma S., condamnée et alors détenue pour sa participation à l'enlèvement d'Ilan Halimi, dans l'affaire dite du "gang des barbares".

Florent Gonçalves comparaît depuis mercredi devant le tribunal correctionnel de Versailles pour avoir entretenu une correspondance avec celle qu'on surnomme "l'appât" et lui avoir remis notamment des puces téléphoniques, en 2009 et 2010. Le parquet de Versailles a requis trois ans de prison, dont un ferme contre lui. Quant à Emma S., deux ans de prison assortis d'un an de sursis ont été réclamés à l'encontre de l'"appât" d'Halimi.

"On est loin de l'histoire d'amour entre un homme et une femme comme les autres car l'un est directeur de prison et l'autre une détenue", a justifié le procureur, Naïma Rudolff, dans son réquisitoire.

Des écarts qui se multiplient

Tout commence en décembre 2009, alors que la jeune femme a été condamnée aux assises à neuf ans de réclusion pour avoir attiré Ilan Halimi dans un guet-apens en janvier 2006, à Sceaux. Le jeune homme, un Juif de 23 ans, avait été enlevé, séquestré et torturé trois semaines durant dans une cité de Bagneux, puis tué par le chef du "gang des barbares", Youssouf Fofana. Ses ravisseurs cherchaient à extorquer des fonds à sa famille.

Leur relation débute quand Emma avoue au directeur qu'elle ne peut pas rester dans cette prison et qu'elle l'aime. Courrier, colis non-règlementaire, peluches offertes : Florent Gonçalves multiplie les écarts avec le règlement. Leur histoire, même s'ils s'enferment par deux fois dans la salle informatique pour avoir des rapports sexuels, ils vont surtout la vivre à travers des SMS ou via Facebook, grâce à la puce téléphonique que le directeur donne à sa détenue.

"Une connerie"

Lors de l'instruction, l'ex-directeur de prison avait admis avoir eu des relations sexuelles avec Emma S. dans l'établissement pénitentiaire. Dans son livre, il affirme cependant que la jeune femme n'a pas bénéficié d'un traitement de faveur, "contrairement aux bruits qui ont couru".

"Parfois, je me répétais machinalement que je faisais une 'connerie'. Je savais que je mettais le doigt dans un engrenage, mais je n'imaginais pas qu'il allait me broyer (...) Et encore aujourd'hui, cette 'connerie', malgré toutes les souffrances et les dégâts qu'elle a provoqués, je ne la regrette pas", écrit-il dans Défense d'aimer, paru aux Presses de la Cité.

"Il a perdu pied et cette passion l'a amené à se trahir lui-même", argumente son avocat, Me Garbarini, qui estime qu'une procédure disciplinaire aurait suffit et que son client est victime du contexte lié au "gang des barbares".

Aujourd'hui séparés

Leur relation, révélée au grand jour début 2011, a eu de lourdes conséquences pour l'homme de 42 ans. Il est suspendu de ses fonctions et quitté par sa compagne. Révoqué en juin de l'Administration pénitentiaire, il est aujourd'hui sans emploi.

Et alors qu'Emma a recouvré la liberté, en septembre, en conditionnelle, leur relation n'a pas perduré. "En l'espace d'une poignée d'heures, j'ai réalisé que ma vie entière avait basculé pour un rêve, que j'avais attendu sept mois pour m'apercevoir que nous n'avions pas d'avenir", écrit-il.

Aujourd'hui âgée de 23 ans, la jeune femme a comparu elle aussi mercredi pour recel, ainsi qu'un surveillant de 37 ans, avait qui elle avait tissé des liens amicaux, également poursuivi pour une remise de puce téléphonique et de courriers en 2010.