Federici, un "agriculteur" aux assises

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avec Guillaume Biet , modifié à
Le procès de la "tuerie du bar des Marronniers", en 2006 à Marseille, s'est ouvert mardi.

Il est le chef présumé de la bande des "bergers braqueurs". Et c'est en simple "agriculteur" qu'Ange-Toussaint Federici s'est présenté mardi à la barre de son procès devant les assises des Bouches-du-Rhône pour la "tuerie de la brasserie des Marronniers". Ce bar marseillais avait été le théâtre d’un règlement de comptes particulièrement sanglant.

Vêtu d'une veste grise et d'un col roulé noir, Ange-Toussaint Federici a nié en bloc les faits qui lui sont reprochés.

"Je suis une simple victime"

Le 4 avril 2006, vers 21 heures, en plein match de foot, un commando d’au moins huit individus lourdement armés et encagoulés avait fait irruption dans la brasserie des Marronniers, un modeste bar de quartier. Trois hommes étaient tués. "Un vrai travail de professionnels", relève Me Roubaud, un des avocats des parties civiles, cité par La Provence. Parmi les victimes, figurent le caïd Farid Berrahma et de deux de ses lieutenants.

Soupçonné de trafic de drogue international et de règlements de comptes particulièrement violents, Farid Berrahma était aussi connu de la police pour exploiter des machines à sous autour de l'Etang de Berre, en concurrence avec Federici, dont un proche avait été abattu deux semaines auparavant. D'où le scénario du règlement de comptes.

C’est une expertise ADN qui a permis d’attester de la présence de Ange-Toussaint Federici aux Marroniers. Mais mardi, à la barre, il a répété y être venu comme un simple client, précisant juste avoir commandé une eau minérale. "J'étais dans le bar, je suis parti après les faits, je n'ai rien à voir dans cette affaire, je suis une simple victime", a-t-il déclaré à la cour.

Ange-Toussaint Federici seul accusé

Aucun des membres de ce commando n’a été retrouvé, à l’exception de Ange-Toussaint Federici, le chef présumé, qui se retrouve donc seul sur le banc des accusés. Originaire du petit village de Venzolasca, "c’est un peu un voyou corse à l’ancienne. C’est quelqu’un qui a un passé de braqueur mais qui fait des affaires", investissant notamment dans des sociétés de sécurité ou dans des clubs de football, rappelle le journaliste Jacques Follorou, auteur de Les Parrains corses.

D’où ce procès sous très haute surveillance. Car Ange-Toussaint Federici reste "l’une des figures dominantes du grand banditisme insulaire et même français". "A tel point qu’aujourd’hui même alors qu’il y a des règlements de comptes à Ajaccio qui ne le concernent pas, des policiers et une espèce de rumeur corse diraient même que si Ange-Toussaint Federici était dehors, peut-être qu’il pourrait calmer et ramener un peu d’ordre aujourd’hui", analyse le journaliste Jacques Follorou.

Ange-Toussaint Federici avait été condamné à 20 ans de réclusion en 1999 pour une série d'attaques de banques dans le sud de la France, une peine aménagée par la suite. Le verdict dans cette affaire est attendu vendredi.