Evrard : les institutions pénitentiaires mises à mal

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La cour d'assises a révélé des carences dans la chaîne pénale et mis sur le grill le médecin qui avait prescrit du Viagra à l’accusé.

Au troisième jour du procès de Francis Evrard, l’avocat de la défense a fustigé "les graves dysfonctionnements des services qui devaient gérer Francis Evrard à sa sortie" du centre de détention de Caen, le 2 juillet 2007. Et ce, six semaines avant l'enlèvement du petit Enis, le 15 août à Roubaix. Me Jérôme Pianezza a ainsi tenté de démontrer que ces manquements avaient permis au violeur récidiviste d'échapper aux conditions de la "surveillance judiciaire" à laquelle il était soumis compte tenu de ses antécédents.

Une juge d'application des peines (JAP) de Rouen - où Evrard avait indiqué vouloir se rendre à sa sortie - a particulièrement été accablée. Elle avait envoyé une convocation à Francis Evrard le 16 août 2007, quelques heures après son arrestation. "Je suis partie en vacances le 16 juillet après-midi, je suis revenue le 13 août mais je n'ai pas consulté mes dossiers avant le 16. La semaine où le dossier arrive (pendant ses vacances, ndlr), mes deux collègues sont là, mais je ne peux pas expliquer pourquoi le dossier n'est pas traité", a affirmé Valérie de Saint-Félix. "J'ose espérer que ce gamin n'a pas été violé parce qu'un juge n'a pas été remplacé pendant ses vacances", a déclaré Me Pianezza lors d'une interruption de séance.

La cour a aussi entendu deux médecins de la prison de Caen au centre d'une polémique liée à la prescription de Viagra à Francis Evrard. Car une plaquette entamée a été retrouvée dans le garage de Roubaix où l'accusé avait séquestré et abusé le petit Enis. Le docteur qui avait prescrit du viagra à Francis Evrard en juin 2007, un mois avant sa libération, a affirmé qu'il n'avait pas eu accès à son dossier pénal. "Le détenu est un patient comme les autres", a déclaré Philippe Guivarch. Le médecin assure qu'aujourd'hui il consulterait ses confrères "pour avis" avant de prescrire du viagra, un médicament qui stimule l'érection. "J'ai pris conscience que cette prescription avait choqué des gens", a-t-il dit.

Le praticien avait vu Francis Evrard à quelques reprises au centre de détention de Caen entre 2003 et 2007. Le violeur récidiviste avait fait état de "difficultés sexuelles" et confié qu'"il voulait refaire sa vie". "On fait confiance au détenu, pour ce qu'il dit et de l'utilisation qu'il fera d'une prescription", a dévoilé le médecin.

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