Dix ans de prison pour avoir congelé son mari

Elle avait gardé le cadavre de son conjoint dans un congélateur après avoir provoqué sa mort.
Elle avait gardé le cadavre de son conjoint dans un congélateur après avoir provoqué sa mort. © MAXPPP
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avec agences
Cette femme de 53 ans a gardé le cadavre pendant 21 mois. Elle a écopé de dix ans de prison.

Elle s'est montrée tour à tour éplorée ou pugnace lors de son procès. Guylaine Collober, 53 ans, a été condamnée jeudi à Lyon à dix ans de prison pour avoir provoqué la mort de son compagnon en 2008. Elle avait ensuite caché le corps dans un congélateur, dans son salon, pendant plus d'un an et demi. L'avocat général, Christian Roussel, avait requis 12 ans de réclusion criminelle à l'encontre de cette femme décrite comme un "tyran domestique" transformée en "meurtrière".

Le soir du 9 novembre 2008, Guylaine Collober se dispute avec son compagnon, qui lui met une "gifle" car elle voulait le quitter. Cette petite femme aux longs cheveux poivre et sel lui assène alors "un ou deux coups de poings" dans le plexus", puis entend un "craquement". Son mari, de vingt ans son aîné, s'écroule, victime d'un arrêt cardiaque.

Elle demande l'aide de son frère

L'autopsie révèlera plus tard une fracture avec hémorragie pulmonaire, sans aucune lésion létale. Les faits d'"homicide volontaire" ont donc été requalifiés en "violences sur concubin ayant entraîné la mort dans intention de la donner".

Après la mort de son conjoint, la quinquagénaire appelle son demi-frère et lui demande de découper le corps et de louer un camion réfrigéré. Incrédule, celui-ci refuse. Guylaine Collober se fait ensuite livrer un congélateur, qu'elle installe dans son salon. Elle y place le corps, lavé à l'eau de javel, sous des victuailles. En août 2010, sa fille contacte la police, qui découvre le cadavre, près de deux ans après la mort.

"Vous êtes un bourreau"

"Vous avez uniquement pensé à faire disparaître le corps", a dénoncé lors de l'audience l'avocat général, soulignant que Guylaine Collober n'a pas appelé la police après son geste. "Vous n'êtes pas une victime des hommes, vous êtes un bourreau", a lancé Christian Roussel dans son réquisitoire. La victime aurait été vue à plusieurs reprises avec "des traces de coups et de blessures" et des "signes de maltraitance".

Une disparition "pas possible à accepter"

Guylaine Collober, elle, n'a pas nié que la relation avec cet ancien restaurateur était "tumultueuse". Mais elle a assuré qu'il s'agissait de "coups réciproques", une version démentie par la famille, pour qui son compagnon était une "bonne pâte avec le coeur sur la main".

Reprenant les termes d'un psychiatre et invoquant une "enfance délirante et bancale", la défense affirme qu'elle a dissimulé le corps parce que "la disparition de son compagnon n'était pas possible à accepter". "Elle reste parce qu'il y a eu un huis-clos particulier et que tant qu'il est dans ce cercueil, les choses s'arrêtent", a plaidé son avocat, Me Yves Sauvayre.

Une version qui n'a pas convaincu l'avocat des parties civiles, pour qui l'accusée, "manipulatrice, affabulatrice et dénuée d'affect", a laissé le corps dans le congélateur pour une raison simple : parce qu'"elle n'a pas pu s'en débarrasser".