Cyberdéfense: la France fait sa mise à jour

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C.B avec AFP , modifié à
Jean-Yves Le Drian a assuré que la lutte contre les attaques informatiques sera désormais une priorité.

La France en retard en matière de cyberdéfense ? C'est du moins ce qu'a reconnu lundi Jean-Yves Le Drian dans un discours d'ouverture du colloque sur la cybersécurité à Rennes. Le ministre de la Défense a donc promis de rattraper le temps perdu en faisant de la cyberdéfense le "cinquième champ de bataille", après la terre, la mer, l'air et le nucléaire. L'occasion pour Europe 1.fr de dresser un état des lieux de la cyberdéfense française.

La sonnette d'alarme tirée dès l'an dernier. En un an, le nombre d'attaques informatiques traitées par le ministère de la Défense est passé de 196 en 2011 à 420 en 2012, a indiqué Jean-Yves Le Drian. En résumé, le nombre d'attaques traitées par le Centre d'analyse de lutte informatique défensive (Calid) du ministère de la Défense a ainsi plus que doublé en un an.

"Ces dernières années, des attaques ont pour la première fois explicitement visé la neutralisation de systèmes critiques, même non connectés à Internet", a-t-il ajouté. L'an dernier, Jean-Marie Bockel, sénateur du Haut-Rhin et président de la Gauche moderne, dressait déjà un tableau inquiétant de la protection contre les attaques en France. Dans un rapport d'information publié en juillet 2012, le sénateur donnait notamment quelques conseils pour se protéger des attaques informatiques.

Une "priorité cette année". Un an après, la France fait désormais de la cyberdéfense une priorité nationale, a assuré Jean-Yves Le Drian. Le ministre a d'ailleurs rappelé la récente publication du "Livre blanc 2013", qui fixe les orientations de la France en matière de défense pour les prochaines années et qui comprend tout un volet sur ce sujet. La cyberdéfense figure également pour la première fois à l'ordre du jour des ministres de la Défense des 28 pays de l'Otan. Selon le ministre, une coopération entre pays européens et avec l'Otan était indispensable en la matière.

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"Avons-nous été trop naïfs ?". Chaque conflit comporte désormais un volet sécurité, a fait valoir le ministre, qui a reconnu que l'enjeu avait été longtemps sous-estimé. Dans un monde de plus en plus connecté, le réseau global est devenu le théâtre d'une confrontation militaire dont certains pays, à commencer par la France, ont en effet tardé à saisir l'enjeu. "Avons-nous été trop naïfs, trop confiants dans le développement de l'internet et, plus largement, des systèmes d'information ?", s'est interrogé Jean-Yves Le Drian.

Le "cinquième champ de bataille". La France va se doter de capacités "offensives" en matière de cyberdéfense et sortir ainsi d'une posture uniquement défensive, face à la multiplication des attaques, a annoncé le ministre. "Nous allons mettre en oeuvre, au sein de la doctrine nationale, la capacité informatique offensive, associée à la capacité de renseignement", a-t-il déclaré. Il s'agit pour la France d'être pleinement opérationnelle sur le "cinquième champ de bataille après la terre, la mer, l'air et le nucléaire", a souligné le ministre.

"C'est la première fois que je dis cela aussi clairement : la capacité offensive enrichit la palette des options qui sont à la disposition de l'Etat", a déclaré Jean-Yves Le Drian, en relevant que "le concept de cyberattaque ne nous est plus étranger". Ce dispositif offensif, destiné notamment à "anticiper des attaques", comportera "différents stades, qui sont plus ou moins réversibles, plus ou moins discrets, mais toujours proportionnés à l'ampleur et à la gravité de la situation", a conclu le ministre.