Christian Iacono acquitté en révision : "un grand moment d'émotion"

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avec Noémie Schulz et AFP , modifié à
JUSTICE - Après 15 ans de "calvaire", Christian Iacono, le maire de Vence, a été acquitté mercredi en révision à Lyon pour des faits de viols sur son petit-fils, qui s'était rétracté il y a quatre ans.

L'affaire Iacono est terminée pour de bon. L'ancien maire de Vence, un temps accusé de viol par son petit-fils qui s'était ensuite rétracté, a été acquitté mercredi après-midi, au terme de son procès en révision. Après trois heures de délibéré, les jurés de la cours d'assise du Rhône n'ont donc pas suivi les réquisitions de l'avocat général, qui s'était dit convaincu de sa culpabilité. Un verdict qui a été accueilli avec un immense soulagement par toute la famille.

15 ans après, le grand-père et son petit-fils s'étreignent. Assis au premier rang, Gabriel, l'ancien-accusateur qui avait soutenu pendant 11 ans avoir été violé par son grand-père avant de se rétracter en mai 2011-, s'est retourné en enlaçant sa grand-mère, Jeannine, l'épouse de Christian Iacono, et sa tante. Ils pleurent et s'embrassent. S'apprêtant à quitter le box des accusés, toujours vêtu de son élégant costume gris anthracite, Christian Iacono sourit et chuchote "merci, merci" à ses avocats, Me Gérard Baudoux et Dominique Romeo.

Mais une image résume mieux que les autres cette intense émotion suscitée par l'acquittement : celle de Christian Iacono, 80 ans, en larmes, prenant dans ses bras sont petit-fils, Gabriel. Depuis 15 ans, le grand-père et le petit-fils n'avaient pas le droit de se voir, ni de se parler. A partir de maintenant, l'ex-coupable et l'ex-victime vont pouvoir se retrouver. Christian Iacono a tout de suite eu des paroles d'apaisement, de pardon, pour celui qui pendant 15 ans l'a accusé du pire.

"La porte vers un avenir avec un peu de bonheur". "C'est un grand moment d'émotion, cela vient après 15 ans de calvaire. Je n'ai pas encore bien réalisé. Je crois que ça ouvre la porte vers un avenir avec un peu de bonheur dans notre famille. Vous savez, en 15 ans, il n'y a pas un coup de téléphone possible, pas un échange de lettre, pas de carte postale, aucun anniversaire ensemble. Je voudrais rétablir toutes ces traditions familiales avec lui et avec son fils, qui est mon arrière petit-fils. Je n'ai jamais voulu vraiment à Gabriel. Je savais qu'il était prisonnier de son mensonge", a-t-il réagi au micro d'Europe 1.

Gabriel, lui non plus n'a pas caché sa satisfaction. "J'ai pu réparer une bonne partie de ma connerie, j'ai envie de pleurer de joie, je suis heureux, ça y est, la rétractation on l'a prise en compte et plus personne ne pourra s'y opposer", estime le jeune homme de 24 ans.

"La justice a su dire qu'elle s'est trompée". Cet acquittement, après une procédure de révision, est définitif. Mercredi soir, les avocats de l'ancien maire de Vence ont salué cette décision de justice."Il faut reconnaître à la justice le mérite d'avoir su dire qu'elle s'est trompée où qu'elle a été trompée, j'espère que les leçons de cette affaire seront tirées", a réagi Me Baudoux, l'avocat de Christian Iacono.

La rétractation n'était en effet pas acquise. Surtout par l'avocat général Jean-Paul Gandolière qui, dans un réquisitoire sévère la veille, avait martelé que Gabriel avait bien été abusé par son grand-père, citant de nombreux éléments cliniques pour étayer son accusation. Mais, laissant à la cour la lourde tâche de trancher, il n'avait paradoxalement pas réclamé de peine.

Condamné à deux reprises. Dans cette affaire, Chrisitian Iacono a été condamné à deux reprises, avant que son petit-fils ne se rétracte. Les faits étaient censés s'être déroulés entre 1996 et 1998, dans la villa de l'ex-maire, lorsque l'enfant avait entre 5 et 8 ans. Ses accusations avaient valu à son grand-père seize mois de prison, en quatre périodes de détention, avant sa libération en avril 2012. 

Christian Iacono avait été condamné en 2009, puis en appel en 2012, à neuf ans de prison pour le viol de Gabriel. Son petit-fils l'a longtemps accusé avant de se rétracter en mai 2011 dans un courrier au parquet de Grasse, dans les Alpes-Maritimes. C'est en février 2014 que Christian Iacono avait obtenu devant la Cour de révision l'annulation de sa condamnation à neuf ans de prison, entraînant ce troisième procès devant les assises du Rhône.

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