Ces universités aux marges de l'illégalité

Pour faire face à la baisse de leurs crédits, certaines universités n'hésitent pas à refuser certains élèves pour n'accueillir que les meilleurs candidats.
Pour faire face à la baisse de leurs crédits, certaines universités n'hésitent pas à refuser certains élèves pour n'accueillir que les meilleurs candidats. © MAXPPP
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Thomas Morel , modifié à
Selon l'Unef, une trentaine d'universités sélectionnent en priorité les meilleurs bacheliers.

L'université est-elle encore ouverte à tous, comme le veut la loi ? Alors que les derniers bacheliers retardataires finalisent leurs inscriptions pour la rentrée, l'Union nationale des étudiants de France (Unef) tire la sonnette d'alarme. Selon le principal syndicat étudiant, 27 universités pratiqueraient en effet une sélection illégale des candidats, tandis que 24 imposeraient encore des frais supplémentaires.

Des étudiants choisis en fonction de leur niveau. En France, la loi veut que les universités acceptent tous les étudiants qui s'inscrivent, dans la limite des places, quel que soit leur niveau. Cependant, de plus en plus de facs choisissent de sélectionner les bacheliers acceptés, que cela se fasse par entretien, sur dossier ou en fonction des notes obtenues au bac. Une situation "en totale contradiction avec la loi", relève l'Unef, qui dresse une liste des établissements concernés. Parmi les mises en cause figurent les universités de Savoie (13 licences pratiquent la sélection à l'entrée), Bordeaux 1 (10 licences), Paris X (neuf licences), etc.

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Une situation budgétaire préoccupante. Pour le syndicat étudiant, cette situation s'explique avant tout par les faibles moyens dont disposent les universités. 16 établissements prévoient en effet qu'ils seront en déficit à la fin de l'année et 36 affichaient fin 2012 une situation préoccupante, sur un total de 75. Plutôt que d'aggraver leur situation financière en engageant de nouveaux professeurs, les facs françaises préfèrent donc limiter leurs effectifs et ne recruter que les meilleurs élèves.

Les frais obligatoires en baisse. L'Unef relève toutefois une bonne nouvelle : les frais d'inscription imposés par certaines universités aux élèves tendent à disparaître. Ainsi, alors que 50 établissements demandaient une contribution supplémentaire à leurs étudiants en 2005, ils ne sont plus cette année que 24. Toutefois, cette moyenne cache de fortes disparités.

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Selon le rapport de l'Unef, la palme de l'enseignement le plus cher revient par exemple à l'Institut national polytechnique de Toulouse (INPT), où l'inscription à l'un des diplômes d'ingénieur coûte pas moins de 9.000 euros à l'année, contre un tarif réglementé de 606 euros. De même, l'université de Grenoble 2 facture 800 euros de plus à ses étudiants au titre de "services facultatifs multimédias", tandis que les élèves en Master de l'Agrocampus Ouest/Rennes 1 doivent eux débourser 750 euros supplémentaires pour "frais pédagogiques".

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Des moins en moins d'étudiants en fac. Selon l'Unef, la conséquence de ce comportement des universités est que de plus en plus de bacheliers se tournent vers le privé pour leurs études supérieures : seules 32,2 % d'entre eux suivent des cours en fac aujourd'hui, contre 39,1 % en 2005. "On estime une perte de 23.400 étudiants qui renoncent à une formation universitaire tous les ans", souligne le syndicat dans son rapport, qui estime par ailleurs que 7.800 bacheliers ne pourront pas poursuivre d'études supérieures à la rentrée.