Ces autres chiffres sur la délinquance

Le rapport de l'ONDRP s'appuie sur une enquête d'opinion et non sur des statistiques recueillies par la police et la gendarmerie.
Le rapport de l'ONDRP s'appuie sur une enquête d'opinion et non sur des statistiques recueillies par la police et la gendarmerie. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Un rapport publié lundi dresse un état des lieux de la délinquance à partir des victimes.

Ces chiffres-là tranchent avec les statistiques officielles. La cinquième enquête de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), rendue publique mardi, offre un éclairage différent sur la délinquance en France. L’ONDRP s’appuie en effet sur une enquête d’opinion (1), dite de victimation, et non sur les statistiques enregistrées par les forces de l’ordre, souvent à partir des plaintes.

Résultat : les chiffres font le grand écart. Les Français ont ainsi déclaré avoir été victimes de quatre millions de vols en 2010, soit trois fois plus que les statistiques officielles, qui n’en relèvent qu’1,5 million. L’écart est également considérable pour les violences sexuelles : en 2009-2010, 280.000 personnes de 18 à 75 ans se déclarent victimes, contre seulement 10.000 plaintes en 2010.

Les femmes plus touchées

Autre enseignement de ce rapport, les femmes sont de plus en plus victimes de vols et de vols avec violence, un phénomène en hausse de 35%. Et si les violences physiques et sexuelles sont en baisse, les violences au sein du ménage sont tout de même d’un ordre élevé de quelque 820.000, sur deux ans. 380.000 personnes, en grande majorité des femmes, affirment avoir été victimes de violences sexuelles et physiques d’un conjoint.

Les étrangers sont plus nombreux à être "mis en cause" par les forces de l’ordre. 226.675 d’entre eux l’ont été en 2010, dont 40% pour des infractions à la législation sur les étrangers. Globalement, une tendance à la hausse est constatée : entre 2005 et 2010, le nombre d’étrangers mis en cause pour des atteintes aux biens a augmenté de 8,2%, et de 7,8% pour les violences aux personnes.

Les médecins pris pour cibles

Parmi les victimes, la hausse est spectaculaire chez les médecins. 920 déclarations d’incidents ont été transmises en 2010, contre 512 en 2009, une progression de 79,7% en un an seulement. En première ligne, les généralistes, chez qui le taux d’incidents est le plus élevé. Dans la plupart des cas, l’incident s’est déroulé dans le cabinet du praticien.
A l’hôpital, 5.090 signalements d’actes de violence ont été envoyés, en hausse de 7,3% par rapport à 2009. Près de 32% des atteintes aux biens et aux personnes ont eu lieu dans des services de psychiatrie.

La police et les gendarmes sont également visés. Pour les policiers, les atteintes aux biens et aux personnels sont en baisse pour la première fois depuis 2006. Mais chez les gendarmes, l’ONDRP note une hausse de 20% du nombre d’agressions physiques, qui sont passées de 1.720 en 2009 à 2.062 en 2010.

Un problème qui préoccupe les Français

D’autres professions ne sont pas épargnées : les violences contre les postiers sont en hausse de 24%, et les agressions contre les pompiers en intervention sont passées de 1.080 en 2009 à 1.155 en 2010.

L’enquête de l’ONDPR insiste également sur la perception que les Français ont de la délinquance : pour 16,4% d’entre eux, ce problème est "préoccupant", presque autant que la pauvreté (19%). Une évolution qui reste malgré tout difficile à expliquer, note Cyril Rizk, l’un des responsables de l’observatoire, "il suffit par exemple d’une actualité médiatique ou politique de fait divers pour l’amplifier".

(1) Enquête menée avec l’Insee en 2010 auprès de 17.000 personnes de 14 ans et plus.