Biocarburants : chers et peu écolos

Dans un rapport, la Cour des comptes dénonce les aides publiques versées en faveur des carburants bios.
Dans un rapport, la Cour des comptes dénonce les aides publiques versées en faveur des carburants bios. © MAXPPP
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avec agences , modifié à
La Cour des comptes dénonce les aides publiques versées en faveur des carburants bios.

Le coût des biocarburants est essentiellement supporté par les automobilistes. C'est ce que révèle un rapport de la Cour des comptes publié mardi. Au cours de son étude, elle a noté "une série d'incohérences" de la politique publique d'aide aux biocarburants. En cinq ans, la filière a reçu 2,25 milliards d'euros d'aide. Un soutien financier que la Cour des comptes envisage de modérer. Selon elle, il faut "clarifier les dispositifs et préciser les objectifs pour le citoyen, financeur sans le savoir de cette politique".

"Un surcoût de 2.3 euros pour le consommateur"

Les magistrats ont aussi souligné l'incompatibilité entre les objectifs d'incorporation de biocarburants et les exigences européennes de qualité des carburants
Depuis plusieurs années, en France, les biocarburants sont vendus après mélange avec les hydrocarbures. Ils sont distribués pour la circulation automobile sous deux formes, le biodiesel (produit à partir du colza ou du tournesol) en addition au gazole et le bioéthanol (à base de betterave et de céréales) mélangé à l'essence. Toutefois leur moindre densité énergétique implique un surcroît de consommation pour les automobilistes, qui doivent mettre un peu plus de carburant pour parcourir la même distance, explique la Cour dans son rapport.
Au total, la présence de bioéthanol dans un plein de 50 litres d'essence représente un surcoût de 2,3 euros pour le consommateur et de 60 centimes pour le biodiesel, a calculé la Cour.
Entre 2005 et 2010, les consommateurs ont donc déboursé près de 3 milliards d'euros de plus pour les biocarburants. "En raison de l'incohérence de la politique de l'Etat, le consommateur, in fine, lui paye un nouvel impôt", a déclaré Didier Migaud, le premier président de la Cour des comptes.

"Un impacte minime"

Mais le tableau dressé par la Cour des comptes n'est pas totalement noir. Développés sur les terres en jachère, les biocarburants ont permis la diversification des débouchés de l'agriculture, ce qui a été salutaire pour la betterave, note la Cour. Selon les professionnels, cela a généré 18.000 emplois directs et indirects.
L'essor des biocarburants a par ailleurs, permis de réduire les importations de soja de la France, grâce aux autres produits issus des  biocarburants (principalement les tourteaux de colza destiné à la nourriture du bétail).
Cependant, concernant la dépendance énergétique de la France, l'impact des biocarburants reste minime. Ils représentent en effet moins de 5% de la consommation de carburant.