Banderole anti-chti : "de l'humour"

5 supporters du PSG sont jugés poura voir déployé une banderole anti Ch'tis
5 supporters du PSG sont jugés poura voir déployé une banderole anti Ch'tis © MAXPPP
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avec Cyril de la Morinerie , modifié à
C'est ce qu'ont plaidé les cinq accusés qui comparaissaient jeudi à Bobigny.

Ils voulaient faire du Desproges. "Pédophiles, chômeurs, consanguins: bienvenue chez les Ch'tis" : cinq supporters du PSG, jugés à Bobigny pour avoir déployé cette banderole en mars 2008 au Stade de France lors d'un match contre Lens, ont plaidé "l'humour" jeudi, dans la lignée de Coluche et Desproges.

"Du Charlie Hebdo, du Coluche, du Desproges"

"On voulait faire de l'humour, du Charlie Hebdo, du Coluche, du Desproges", a expliqué à la barre, A. D., 22 ans, qui reconnaît avoir peint, introduit et déployé la fameuse banderole au Stade de France avant la finale de Coupe de la Ligue. Après plus de trois heures de débats juridiques jeudi matin, au terme desquelles le tribunal a rejeté les questions prioritaires de constitutionnalité soulevées par les avocats de la défense, la présidente du tribunal a rappelé les faits.

Le 29 mars 2008, lors d'une finale au Stade de France, une banderole injurieuse, composée de onze panneaux de 5 mètres, avait été déployée pendant trois minutes dans la tribune des supporters parisiens. Elle avait été préparée la veille du match, au Parc des Princes, puis distribuée en morceaux quelques heures avant la finale, place Saint-Michel dans le centre de Paris. Les panneaux avaient été dissimulés sous des vêtements pour pouvoir être introduits dans le Stade de France.

Un an de prison, 15.000 euros d'amende

Cinq hommes sont jugés pour "provocation à la haine ou à la violence lors d'une manifestation sportive". Ils encourent un an de prison, 15.000 euros d'amende et une interdiction de stade pour 5 ans.

Deux d'entre eux, A. et son ami V., "supporteurs indépendants" du PSG depuis une quinzaine d'années, passent pour les organisateurs. Les autres prévenus auraient porté la banderole, en connaissant le message, contrairement à cinq autres personnes qui ont bénéficié d'un non-lieu.

"De l'humour gras"

"L'idée avait germé une semaine avant, dans un bar", a expliqué Vincent Bourdon, 32 ans, et technicien SNCF au moment des faits. "Dans les stades, il y a des joutes de banderoles", affirme-t-il. Cette fois, il s'agissait de faire face aux Red Tigers de Lens. "Le but, c'était de faire de l'humour gras, mais avec du recul, c'est clair que l'effet est loupé", dit-il, expliquant qu'il avait tenu les panneaux pendant qu'A. peignait.

"Ce n'était pas une banderole anti-ch'ti, mais une référence au film de Dany Boon", affirme A.. La pédophilie ? "Une parodie de la presse : c'est comme si les pédophiles avaient été localisés dans le Nord", affirme Vincent Bourdon. "On a failli mettre alcoolique, mais c'était banal", lance A. "On voulait faire rire et non choquer", affirme-t-il. "On ne pensait pas que c'était illégal", ajoute-t-il encore. "Le lendemain, j'ai été très étonné que ça fasse la Une des médias. Aujourd'hui, je le comprends et le regrette", explique A, tout en martelant que c'était de "l'humour".

Vincent Bourdon met lui en cause les responsables du PSG, qui s'est porté partie civile. La banderole aurait été faite en présence d'un responsable des supporters du PSG et était restée au Parc des Princes la nuit avant le match. "Il est impossible que les responsables du club ne s'en soient pas aperçus", affirme-t-il. Des déclarations qui semblaient inattendues pour l'avocat du PSG, sur le banc des parties civiles où étaient également représentés Lens et Lille, la région Nord-Pas-de-Calais, la Fédération française de football (FFF), le Stade de France et la ligue de football professionnel et du Racing club de Lens.

 

 Le PSG demande une réparation financière à hauteur de 135.000 euros pour les frais de justice liés à l'affaire. Les avocats de la partie civile, qui compte notamment la ville de Lens et la fédération française de football (FFF), plaideront vendredi matin.