Aérien : retards et annulations "à chaud"

© MAXPPP
  • Copié
B.P. avec AFP , modifié à
Plus de la moitié des pilotes d'Air France sont en grève lundi, d'autres compagnies sont touchées.

Le service garanti dans l'aérien ne plaît pas aux pilotes. Et ils le font savoir. Après avoir appelé à la grève la semaine dernière, le syndicat national de pilotes de ligne (SNPL) passe à l'action lundi, et jusqu'à jeudi. Ces quatre jours de mobilisation - renouvelables - répondent à la fermeté du gouvernement, qui n'a pas accepté la totalité des aménagements du texte de loi que réclamait le SNPL.

Le nombre d'organisations syndicales concernées par le mouvement semble valider son propos. Outre les personnels navigants et de cabine (pilotes, hôtesses, stewards), les personnels au sol (agents en escale, ravitailleurs, bagagistes, mécaniciens, etc...) représentés par les grandes confédérations ouvrières devraient se mobiliser. Ils voient dans ce texte une tentative du gouvernement de "restreindre le droit de grève". Lundi, le taux de gréviste était supérieur à 50% chez les pilotes d'Air France, selon le SNPL.

Une centaine d'annulations

A Roissy, selon une source aéroportuaire, "126 annulations ont été programmées dès dimanche soir sur 1.190 mouvements (décollage et atterrissage) prévus lundi". Outre les vols déjà annulés préventivement par Air France, quelques annulations "à chaud" étaient enregistrées à la mi-journée notamment vers Genève, Naples, Istanbul ou Rio. Au total, le taux d'annulations, à la fois préventives et "à chaud" est de l'ordre de 50% lundi, selon le SNPL, les vols court et moyen courrier étant davantage touchés.

EasyJet a également annulé cinq départs ce matin au départ de Charles-de-Gaulle. La compagnie low-cost "recommande vivement à l'ensemble de ses passagers de vérifier le statut de leur vol sur son site avant de se rendre à l'aéroport" et communiquera aussi avec eux par SMS.

Du côté d'Air France, la compagnie assure que "des facilités d'anticipation ainsi que de reports de billets" sont néanmoins proposés aux voyageurs. Les modalités pratiques sont disponibles sur le site de la compagnie. Ces prévisions sont jugés très optimistes par les syndicats qui ont mis en garde les voyageurs "contre le risque de très sérieuses perturbations". Le SNPL s'attend d'ailleurs à une montée en puissance du mouvement à partir de mardi. Air France a annoncé que mardi, 50% de ses vols long-courrier et 70% de ses vols court et moyen-courrier seraient annulés.

Le point en région

A Toulouse, on notait beaucoup de retards supérieurs à une heure, mais "il y a peu de monde à l'aéroport, ce n'est pas la cohue", a indiqué un porte-parole de la plateforme. Du fait de la grève et aussi de la neige, on comptait avant midi 15 vols annulés au départ (sur Air France et six autres compagnies) et six à l'arrivée.

A Nantes, 11 vols ont été annulés à l'arrivée et 10 au départ, mais la plupart des voyageurs, informés à l'avance par leur compagnie, ne se sont pas déplacés. Idem à Marseille, Montpellier ou Nice, où malgré des annulations, il n'y a avait pas de file d'attente. A Lyon, sur 13 annulations, 4 étaient imputables aux mauvaises conditions météorologiques.

Copier la SNCF et la RATP

Le conflit est provoqué par le projet du gouvernement, via une proposition de loi d'un député UMP, d'encadrer le droit de grève dans l'aérien, comme il l'a fait en 2007 dans les transports terrestres, à la SNCF et à la RATP notamment.

Le texte du député des Bouches du Rhône Eric Diard impose notamment aux grévistes de se déclarer individuellement 48 heures à l'avance. Il impose aussi un devoir d'information pour les compagnies avec des prévisions de trafic 24 heures à l'avance.

Etudiée au Sénat le 15 février

La proposition de loi "a été durcie à l'Assemblée et le gouvernement ne veut rien négocier, le conseil national du SNPL a donc confirmé ce vendredi la grève du 6 au 9 et décidé qu'elle serait renouvelable, soit directement après le 9, soit à un autre moment", a déclaré Yves Deshayes, président national du SNPL.

Les députés français ont adopté fin janvier une proposition de loi UMP controversée dont l'objet est d'encadrer le droit de grève dans les transports aériens pour éviter que les passagers se retrouvent coincés dans les aéroports. La proposition de loi Diard, adoptée le mois dernier à l'Assemblée, doit être examinée le 15 février au Sénat, à majorité de gauche, puis revenir en commission mixte paritaire avant une dernière lecture à l'Assemblée.