AF 447 : les pilotes en ligne de mire

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avec agences , modifié à
Le BEA présente un nouveau rapport vendredi. L’équipage serait mis en cause, selon Le Figaro.

Le troisième rapport du BEA sur les circonstances exactes de l’accident du vol Rio-Paris est attendu et redouté. L’objectif est de faire la lumière sur les principales étapes de la catastrophe ayant conduit le vol AF 447 à disparaître le 1er juin 2009 avec 228 personnes à son bord. Or, avant même sa publication, vendredi à 14 heures, les syndicats de pilotes sont montés au créneau pour dénoncer les responsabilités qui leur seraient attribuées par le Bureau d'enquête et d'analyses.

Les pilotes pointés du doigt

Selon Le Figaro.fr, le rapport publié vendredi met surtout en cause l'équipage. Le BEA communiquera vendredi sur "de nouveaux faits établis à partir de l'exploitation des données des enregistreurs de vol". Et, selon Le Figaro, "l'équipage n'a jamais compris que l'avion avait décroché et n'a donc jamais appliqué les manœuvres adéquates".

Avant même la publication du rapport, le BEA a réagi, estimant que "ces éléments étaient parcellaires et réducteurs". "Ce n'est certainement pas en 'accusant' l'équipage tel que c'est formulé que ça signifie qu'on a l'enchaînement des causes et que vendredi, le BEA pourra dire: 'on a compris tout ce qu'il fallait pour que l'accident ne se reproduise pas'", a indiqué une porte-parole du BEA, chargé de l’enquête technique. "Grâce aux 1.300 paramètres de vol et aux deux heures d'enregistrement, on a pu déterminer les séquences du vol, on a commencé à faire une première analyse mais l'enquête est loin d'être terminée", a-t-elle souligné.

Les familles des victimes veulent plus d'informations techniques

Robert Soulas, le père d'une des victimes du crash et président de l'association "Entraide et Solidarité AF447", estimé vendredi sur Europe 1 que "la précipitation à accuser les pilotes est suspicieuse". Selon lui, les première accusations contre l'équipage de l'avion sont arrivées "très tôt juste après les premiers dépouillements des boîtes noires".

"Les pilotes sont mis en cause, mais nous voulons plus d'informations quant à la situation technique exacte de l'avion. Accuser les pilotes sans informations fiables n'est pas admissible", a-t-il jugé. "Il est possible que certaines réactions de l'avion, comme le changement d'altitude n'ait pas été provoqué par les pilotes mais par le système suite à un bug informatique", a expliqué Robert Soulas. Selon lui, l'enquête est influencée par des enjeux économiques : "La situation est très difficile. On a l'impression que chacun veut se garantir. Il faudra prouver une vérité dans un chemin difficile. Airbus et Air France vont se défendre."

Une enquête "orientée"

Du côté des familles des victimes allemandes, on dénonce aussi une enquête "orientée". Dans un communiqué, elle expriment "leurs doutes sur les objectifs de l'enquête" du BEA. "L'opinion publique est de plus en plus incitée à reconnaître l'erreur de pilotage comme la cause" du crash, une théorie du BEA reposant "sur des extraits du dialogue de l'équipage choisis à dessein", dénoncent les familles. Les familles se disent aussi "scandalisées par la lenteur du dépouillement des données de vol (...) après les 22 mois d'attente et de retard des recherches en mer".

Le BEA avait présenté fin mai le film des derniers instants du vol grâce à une première analyse des boîtes noires repêchées. Cette première étude avait pointé le dysfonctionnement des sondes Pitot, privant les pilotes des mesures de vitesse de l’appareil. Mais les enquêteurs ont toujours estimé que ce problème ne pouvait expliquer à lui seul l'accident.

Le syndicat Alter avance une autre hypothèse sur les causes de l'accident : une défaillance des calculateurs de vol fabriqués par Airbus. "On se demande, après analyse, si ce ne sont pas les calculateurs de vol qui ont amené l'avion au décrochage", indique Guillaume Pollard.