600.000 enfants mal-logés en France

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La Fondation Abbé-Pierre publie lundi son rapport annuel et dénonce une "aggravation progressive".

La France compte 3,5 millions de mal-logés et dix millions de ses habitants sont affectés de près ou de loin par une crise du logement. C’est le constat alarmant que fait la fondation Abbé-Pierre, qui publie lundi son 15e rapport annuel, dans lequel elle souligne que "l'aggravation progressive de la crise du logement aboutit à un vrai problème de société».

Cette année, la Fondation Abbé-Pierre souline plus particulièrement la situation des enfants mal logés. "Quand on dit qu’il y a 3,5 millions de mal-logés, on pense à ceux qui sont à la rue, qui vivent dans des parkings ou dans des caves, mais on oublie que parmi eux, 600.000 enfants vivent dans ce type d’habitat ou surpeuplés ou indécents, voire insalubres", a rappelé lundi matin sur Europe 1 Patrick Doutreligne, délégué général Fondation Abbé-Pierre.

"C’est la notion même d’égalité qui est mise en cause, a aussi estimé Patrick Doutreligne. Quand on nous avance la méritocratie, cela ne marche que si tout le monde a l’égalité des chances. Or qu’y a t-il de plus insupportable, d’intolérable même, que ce soit les enfants qui en soient victimes et qui ne puissent même pas utiliser leur potentiel intellectuel, scolaire, pour pouvoir s’en sortir."

Ecoutez cet extrait de l'interview de Patrick Doutreligne :

En outre, la crise économique, venue s’ajouter à une crise du logement déjà existante, n’a évidemment rien arrangé. "La crise économique a été prise en compte pour les banques, pour les entreprises, pour certaines industries, mais elle n’a pas encore été prise en compte pour les plus modestes de nos concitoyens", a déploré Patrick Doutreligne. D’autant que le rapport annuel de l’association montre que se loger coûte de plus en plus cher. Les Français consacraient à leur toit en moyenne 7.900 euros par an en 2002 contre 9.700 cinq ans plus tard, soit une hausse de 23%.

Au chapitre des propositions, la Fondation Abbé-Pierre demande d'imposer dans tout programme immobilier de plus de 10 logements un quota minimum de 30% d’habitats à bas loyers. La Fondation propose également un "grand deal" entre les pouvoirs publics et les propriétaires, qui devraient être incités à remplir les logements vacants et contraints de limiter les hausses de loyers en cas de changement de locataires. Enfin, elle suggère pour 2010 une hausse de 12% du montant des aides personnelles au logement et l'attribution d'un "chèque énergie" aux ménages les plus modestes.