3.000 SDF dénombrés à Paris, "ce n'est pas digne de la France"

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A.H. , modifié à
Pour le directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité, interrogé mercredi sur Europe 1, le nombre de personnes à la rue à Paris met en lumière le manque "abyssal" de places d'hébergement.
INTERVIEW

3.000 personnes dorment actuellement dans les rues de Paris. Ce chiffre a été obtenu grâce à une opération de comptage inédite en France, menée par 1.700 bénévoles et la mairie de Paris. "C'est un chiffre très préoccupant", estime sur Europe 1 Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (Fnars) qui rassemble 850 associations et organismes de lutte contre l'exclusion.

Un phénomène d'ampleur. Ce chiffre "correspond à la fourchette haute des estimations des associations", indique Florent Gueguen. Mais il serait encore imprécis. "Il faut compter 3.000 personnes à la rue, auxquelles il faut ajouter 2.000 personnes qui sont dans des places d'hébergement temporaire. Des places qui vont fermer, parfois dans quelques semaines ou dans quelques mois. En réalité, ce sont donc 5.000 personnes sans domicile fixe qui ont été comptées", indique le directeur de la Fnars.

"Ce problème est grave et massif dans les grandes villes. Il doit appeler une réponse rapide du gouvernement, des collectivités locales, et de la société toute entière. Ce n'est pas digne de la France", dénonce Florent Gueguen, qui lutte depuis des années pour que les dispositifs d'accueil soient repensés.

"Un déficit de places abyssal". S'il salue "le pic" d'ouvertures de places permises par le gouvernement pendant la période hivernale, il observe que la réponse politique reste cruellement insuffisante. "Alors même qu'on est sur un pic, on a encore 3.000 personnes qui dorment réellement dehors dans la seule ville de Paris. Ça montre un déficit de places abyssal. Ça montre aussi un très fort retard en termes de logements sociaux réellement accessibles aux personnes les plus pauvres", souligne-t-il. 

Le directeur de la Fnars appelle aujourd'hui à la mise en place d'un "plan national pluriannuel de résorption de personnes à la rue", "pour que chaque collectivité se donne des objectifs, et puisse mesurer la progression d'année en année".