La sonde Hayabusa-2 avait été lancée en 2014 et avait prélevé l'an dernier une centaine de milligrammes de particules de l'astéroïde 1:29
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Laure Dautriche édité par Cécile de Sèze, avec AFP
La sonde Hayabusa 2 a rapporté sur Terre, dimanche, de la poussière d'astéroïde qui pourrait nous renseigner sur la naissance de notre univers et notamment sur le système solaire à sa naissance il y a 4,6 milliards d'années, explique à Europe 1 Patrick Michel, astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur.

Savez-vous de quoi est fait un astéroïde ? Les chercheurs vont peut-être bientôt en savoir plus. La sonde japonaise Hayabusa 2 a rapporté dimanche sur Terre des échantillons d'un astéroïde appelé Ryugu, à 300 millions de km de la Terre. Il s'agit d'échantillons de poussière et de roches prélevées en 2019 sur cet astéroïde. Il a fallu du temps pour faire le voyage retour. Et maintenant, les chercheurs, une quinzaine de scientifiques dans différents laboratoires, vont pouvoir commencer à étudier ce qu'ils considèrent comme un trésor.

"Remonter le temps"

La capsule contenant les échantillons a pénétré dans l'atmosphère terrestre peu avant 2h30 dimanche matin, créant dans le ciel une trace semblable à celle d'une étoile filante. Ce petit conteneur s'était séparé de la sonde samedi et l'agence spatiale japonaise (Jaxa) a déclaré dimanche matin qu'il avait été récupéré grâce à des balises dans le désert de Woomera (sud de l'Australie). Protégés de la lumière du soleil et des radiations, les échantillons feront l'objet en Australie d'examens préliminaires pour détecter notamment des émissions de gaz avant d'être envoyés par avion au Japon.

Ce qui a été rapporté sur Terre, c'est une pincée de poussières d'étoiles : probablement 1 gramme de matière, conservée dans une petite boite. Une matière précieuse parce que les astéroïdes sont les restes des briques qui ont formé les planètes. La matière dont ils sont constitués n'a pas changé depuis plus de 4 milliards d'années, explique à Europe 1 l'un des chercheurs sur cette mission, Patrick Michel, astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur.

"En quelque sorte, on cherche à remonter le temps, on voudrait comprendre comment se sont formées les planètes et aussi comment la vie a émergé sur Terre, donc on a choisi un astéroïde qui est potentiellement riche en cette matière organique qui nous constitue", explique le chercheur. "Il se pourrait que ces petits corps aient apporté finalement tous ces éléments nécessaires pour que la vie puisse émerger sur Terre", ajoute-t-il.

Des recherches attendues

La composition des corps célestes de grande taille comme la Terre change radicalement après leur formation, sous l'effet de la température et de la pression, contrairement à celle des astéroïdes, beaucoup plus petits, explique pour sa part le chef de la mission Makoto Yoshikawa.

La moitié de la matière recueillie sera partagée entre la Jaxa, la Nasa et des organisations internationales, et le reste sera conservé pour des études futures, au fur et à mesure des progrès de la technologie analytique. "Nous n'avons jamais eu de tels matériaux, de l'eau et des matières organiques feront l'objet de recherches", a indiqué Motoo Ito, chercheur à la Japan Agency for Marine-Earth Science and Technology

Reste également à savoir quelles sont les molécules qui ont pu créer les océans, une question fondamentale à laquelle les cosmo-chimistes vont tenter de répondre. Ces échantillons vont pouvoir occuper des générations de chercheurs.