Le boom des émissions de méthane menace la lutte contre le réchauffement

36% des émissions de méthanes dans le monde viennent de l'agriculture, notamment de l'élevage. Image d'illustration.
36% des émissions de méthanes dans le monde viennent de l'agriculture, notamment de l'élevage. Image d'illustration. © MARCEL MOCHET / AFP
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avec AFP , modifié à
Selon une étude parue lundi, après un recul entre 2000 et 2006, la concentration de méthane dans l'atmosphère a crû dix fois plus rapidement la décennie suivante.

La flambée depuis dix ans des émissions de méthane, un gaz à effet de serre plus nocif pour le climat que le CO2, risque de compromettre la lutte contre le réchauffement, met en garde une étude parue lundi dans le journal Earth System Science Data.

L'objectif des deux degrés "difficile à tenir". "Il faut de toute urgence s'attacher à quantifier et réduire les émissions de méthane", plaident les auteurs de cette étude qui ont coordonné un bilan mondial mené par plus de 80 scientifiques de 15 pays. Après un léger ralentissement entre 2000 et 2006, la concentration de méthane dans l'atmosphère a crû en effet dix fois plus rapidement la décennie suivante, relève l'étude. "Contenir le réchauffement sous 2°C est déjà un défi considérable," soulignent ces mêmes chercheurs. "Un tel objectif deviendra de plus en plus difficile à tenir si l'on ne réduit pas les émissions de méthane fortement et rapidement", ajoutent-ils.

28 fois plus "réchauffant" que le CO2. Deuxième grand gaz à effet de serre lié aux activités humaines, après le dioxyde de carbone (CO2), le méthane contribue pour quelque 20% au réchauffement en cours. Jusqu'ici les mesures contre le réchauffement se sont largement concentrées sur le CO2, issu pour une large part des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), et qui représente 70% des gaz à effet de serre. Or, le méthane est 28 fois plus "réchauffant" que le CO2.

Élevage et énergies fossiles. Difficile à pister, 60% des émissions de méthane sont cependant liées aux activités humaines : notamment 36% viennent de l'agriculture (éructations des ruminants et rizières) et du traitement des déchets. D'ailleurs les chercheurs privilégient cette hypothèse pour expliquer la hausse des émissions. Mais ils n'excluent pas non plus le rôle des énergies fossiles dans ce boom. Quelque 21% des émanations de méthane sont de fait dues à l'exploitation du charbon, du pétrole et du gaz : de l'extraction jusqu'aux réseaux de distribution, les fuites de méthane sont très fréquentes. Concernant le permafrost, ces sols gelés des hautes latitudes, ils peuvent aussi dégager du méthane en dégelant, une grande crainte des climatologues.  Il est en tout cas possible d'agir d'ores et déjà et très concrètement pour réduire ou capter le méthane, soulignent les scientifiques : méthaniseurs dans les fermes, modification des protocoles d'irrigation des rizières et chasse aux fuites.