Gilles Pialoux 1:49
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Mathilde Durand , modifié à
Face à la circulation du variant britannique du Covid-19, plus contagieux, l'hypothèse d'un troisième confinement se dessine. Il serait même "inéluctable", prévient Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon à Paris, sur Europe 1.
INTERVIEW

Le coronavirus continue de circuler en France. Selon les derniers chiffres publiés par Santé publique France, près de 23.000 ont été comptabilisés en 24 heures et la tendance à la hausse des hospitalisations de malades du Covid se poursuit. Le nouveau variant anglais, plus contagieux, inquiète. A ce stade, il représente 1,4% du total des contaminations quotidiennes, mais si sa circulation augmentait, un nouveau confinement deviendrait "une nécessité absolue", a prévenu le ministre de la Santé Olivier Véran. Un constat partagé par Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon à Paris, qui estime cette issue "inéluctable" sur Europe 1.

Une décision "politique et sociétale"

"Il y a des mesures à prendre, c'est inéluctable", prévient-t-il. L'infectiologue, qui observe déjà des cas de patients contaminés par le variant britannique, explique que ce dernier deviendra prochainement et certainement majoritaire sur le territoire. "Je ne sais pas si c'est en mars ou en avril", souligne-t-il. "On est dans une situation nouvelle : on va devoir gérer un pion de plus qui est celui de la circulation accélérée du virus par des variants qui sont plus transmissibles." 

"Évidemment qu'il ne faut pas attendre que ce variant, qui va devenir majoritaire, ait envahi les réanimations et services d'hospitalisation", ajoute Gilles Pialoux, qui rappelle que la décision d'un nouveau confinement est "politique et sociétale". "C'est la date qui doit être politiquement décidée, et la géographie. Est-ce que l'on s'adresse à tous les Français ? A certaines populations ?", s'interroge-t-il. 

Vers un confinement différencié ? 

Selon les informations d'Europe 1, le gouvernement planche sur l'hypothèse d'un troisième confinement. Mais des voix s'élèvent déjà pour un isolement différencié. L'infectiologue Odile Launay, membre du comité vaccin Covid-19, avançait ce jeudi l'idée d'un confinement uniquement pour la population à risque en attendant une immunité collective, soit environ 18 millions de Français concernés. 

"Je pense qu'il faut que les choses soient acceptables éthiquement", commente Gilles Pialoux. "Depuis des mois, on n'a pas de marqueurs très précis de la circulation du virus par tranche d'âge". Selon lui, certaines populations, telles que les personnes les plus âgées, peuvent déjà s'auto-confiner, encouragées par des messages à visée pédagogique. "Mais on ne peut imaginer qu'on va confiner, par exemple, uniquement les personnes qui souffrent d'obésité. Ce serait discriminatoire", rétorque-t-il.

"La France n'a pas de plan vaccinal"

La campagne de vaccination élargie a débuté cette semaine en France et de nombreuses critiques se font entendre sur son organisation, notamment en raison de la pénurie de doses. Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon à Paris, constate lui aussi des failles importantes sur Europe 1.

 "Je pense que la France n'a pas de plan vaccinal, elle a un plan de gestion des doses", dénonce-t-il. "On est à côté de la plaque." Il déplore la priorisation, et donc l'opposition, entre des personnes âgées, celles atteintes de comorbidités ou encore des soignants, faute de doses disponibles.