Antoine Flahault, épidémiologiste, directeur de l'Institut de santé globale de Genève a répondu aux questions de Sophie Tusseau ce dimanche sur Europe 1. 3:20
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Ophélie Artaud
Alors que le nombre de contaminations liées à la variole du singe continue d'augmenter en France, avec 2.600 cas recensés, mais aussi en Europe, doit-on craindre une nouvelle pandémie ? Antoine Flahault, épidémiologiste, directeur de l'Institut de santé globale de Genève a répondu aux questions de Sophie Tusseau ce dimanche sur Europe 1. 
INTERVIEW

Depuis cette semaine, cinq pharmacies françaises, dans les Hauts-de-France, en Île-de-France et en Paca expérimentent la vaccination contre la variole du singe. Le virus, apparu dans le pays il y a trois mois, a déjà fait plus de 2.600 cas en France et 28.000 dans le monde. Faut-il craindre une nouvelle pandémie ? Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l'Institut de santé globale de Genève, est revenu sur le sujet au micro de Sophie Tusseau sur Europe 1.

"Pas seulement une MST"

"On peut dire qu'on est face au démarrage de quelque chose qui pourrait devenir une nouvelle pandémie. Plus de 90 pays sont aujourd'hui concernés en dehors des zones d'endémie classiques. De nombreux pays européens sont également concernés depuis le mois de mai avec une tendance épidémique qui a la même forme, en termes de progression exponentielle, que le démarrage de l'épidémie de Covid. On a un doublement du nombre de cas mondiaux tous les 15 jours, de manière très soutenu depuis le mois de juillet. Si jamais ça continue avec ce rythme, on pourrait se retrouver avec une propagation qui pourrait devenir pandémique", souligne l'épidémiologiste.

 

Quant à la campagne de vaccination, Antoine Flahault la juge nécessaire. "Elle était recommandé par toutes les instances scientifiques et il est important de tenter de faire le maximum pour ralentir le phénomène. Les Anglais, les Allemands et les Français sont en train de tout faire pour ralentir cette croissance épidémique, ce qui est évidemment souhaitable. Plus on contrôlera le phénomène, moins on le laissera s'échapper dans la population et mieux ce sera", insiste-t-il.

Si pour l'instant, la variole du singe semble avoir principalement contaminé des hommes qui ont des relations homosexuelles, pour Antoine Flahault, ce virus ne peut pas être considéré comme une maladie sexuellement transmissible (MST). "Ça n'est probablement pas seulement une MST, il est vrai qu'on a trouvé de ce virus dans le sperme donc il est recommandé aux gens qui ont eu la variole du singe de continuer à mettre des préservatifs s'ils ont des relations sexuelles et ce, 12 semaines après la fin de leur isolement. Il est possible qu'il y ait une transmission sexuelle mais le mode de transmission principal semble être cutané, mais aussi peut-être par aérosol", a-t-il conclu.