Une surmortalité record de 18.000 décès dûe à l'épidémie de grippe

© AFP
  • Copié
Mélanie Gomez et M.-A.B. , modifié à
L'épidémie, qui a duré neuf semaines, a contribué à une surmortalité record de 18.300 décès supplémentaires cet hiver

On savait déjà que l'épidémie de grippe de l'hiver 2014/2015 avait fait grimper la surmortalité hivernale. On connait désormais les chiffres précis de ce phénomène avec la publication du rapport de l'Institut national de veille sanitaire. Et cette année la grippe établit un triste record : pendant les neuf semaines de l'épidémie, près de trois millions de personnes ont consulté leur médecin pour des symptômes liés au virus, mais surtout la grippe a contribué à une surmortalité-record de 18.300 décès supplémentaires.

Les plus de 65 ans, particulièrement touchés. Ce chiffre correspond en fait à la surmortalité hivernale la plus élevée depuis 2006. Si tous ces décès ne sont pas attribuables à la grippe, les spécialistes sont certains que le virus contribue fortement à ce bilan. Ce constat est de plus le même ailleurs en Europe : cet hiver, durant l'épidémie de grippe, on a enregistré 90.000 décès de plus qu'attendus habituellement. En France, on ne compte pas moins de 30.000 passages aux urgences pour syndrome grippal et plus de 3.000 hospitalisations. Dans près de la moitié des cas, il s'agissait de personnes de plus de 65 ans : c'est la tranche d'âge qui paye le plus lourd tribut.

grippe.graph.1280

© Invs

Comment expliquer la sévérité de l'épidémie ? Ce phénomène s'explique par plusieurs raisons, précise au micro d'Europe 1, Bruno Lina, professeur de virologie et responsable du centre national de référence de la grippe à Lyon. "Le vaccin a été moins efficace qu'espéré. C'est lié à l'apparition d'un virus qui a muté. Il est plus efficace pour infecter que le précédent et cela a donc peut-être joué en termes de transmission", détaille l'expert. "La seconde chose, c'est que quand on a moins de vacciné, on a plus d'infectés. Or, il y a eu une baisse du taux de vaccination cette année, en particulier chez les personnes fragiles", conclut-il.

Seulement 45% de plus 65 ans vaccinés. Cette baisse du taux de vaccination peut se chiffrer aujourd'hui grâce aux données de l'Assurance maladie : seuls 48% des personnes de plus de 65 ans, considérés comme les plus fragiles face à ce virus, se sont fait vaccinés contre la grippe cette hiver.  Une baisse d'un tiers par rapport à 2009.